La Tunisie est confrontée à une grave crise du pain depuis quelques mois. De longues files d’attente se forment quotidiennement devant les boulangeries alors que le pays fait face au manque de farine et de semoule.
Ce jeudi, la crise a connu de nouveaux rebondissements avec l’arrestation du président de la Chambre nationale des propriétaires de boulangeries Mohamed Bouanane.
Ce dernier a été arrêté « pour des soupçons de monopole et de spéculation avec des denrées alimentaires subventionnées et des soupçons de blanchiment d’argent »,
Cette arrestation fait suite à l’appel lancé par le président Kais Saied pour lutter contre les spéculateurs accusés d’être à l’origine du manque de la farine subventionnée dans les boulangeries tunisiennes. Ce manque a engendré de fortes tensions sur le pain à bas prix destiné aux couches populaires.
Le président tunisien a accusé « des spéculateurs et des parties », qu’il n’a pas nommés, d’être derrière la crise du pain et a demandé au ministère de l’Agriculture, à l’Office des céréales et tous les départements à « affronter les détenteurs de monopole et ceux qui spéculent avec la nourriture des Tunisiens ».
Tunisie : les raisons de la crise du pain
Redoutant des émeutes, le président tunisien a souligné que “le pain est une ligne rouge“. Mercredi, la présidence tunisienne a indiqué que 6528 tonnes de produits subventionnés (farine, semoule, etc) ont été saisies au cours d’une opération de contrôle de 15 minoteries à travers le pays.
En Tunisie, la baguette de pain subventionné par l’État est vendue à 190 millimes (0,06 centimes d’euros) alors que le salaire minimum est de 450 dinars tunisiens (150 euros). Ce pain est vendu par un réseau de 3737 boulangeries semi-étatiques.
Le 1er août, le gouvernement tunisien a décidé de priver les boulangeries dites modernes et qui vendent d’autres types de pain de la farine subventionnée pour la réserver à celles qui fabriquent la baguette subventionnée. Les boulangeries modernes ont ensuite fait grève le 7 août pour protester contre cette décision.
Pour les observateurs, la crise du pain qui frappe la Tunisie n’est pas seulement liée à la spéculation, mais à la baisse de la production de blé cette année en raison de la sécheresse et à l’incapacité de la Tunisie à importer ce produit à cause de la cause financière.
Le ministère de l’Agriculture tunisien a fait état récemment d’une baisse de 60% de la récolte de céréales à 250.000 tonnes seulement.