Plus d’une décennie après, l’affaire du terrain de l’ambassade de France en Algérie cédé au groupe Kouninef refait surface. Le quotidien El Watan est revenu dans son édition de ce mardi 24 septembre sur cette affaire conclue alors que la représentation diplomatique française en Algérie était dirigée par Xavier Driencourt. Ce dernier a fait deux passages comme ambassadeur à Alger, entre 2008 et 2012, puis de 2017 à 2020.
Les faits remontent à l’année 2011, lorsque l’ambassade de France avait cédé un terrain lui appartenant à l’homme d’affaires Réda Kouninef, aujourd’hui emprisonné.
Situé à la rue Sfindja à El Biar, le terrain de 10 517 mètres carrés, sur lequel était bâtie une villa mauresque, a été cédé pour 50 milliards de centimes (500 millions de dinars), soit 47 545 dinars le mètre. Un montant très en-deçà du prix du marché pour la direction des Domaines qui l’avait évalué, selon la même source, à 230 000 dinars le mètre, affirme le journal.
La cession du terrain, poursuit El Watan, s’est faite suivant une promesse de vente datée de février 2011 et renouvelée en novembre de la même année.
Le document a été établi par le notaire Salim Becha, aujourd’hui en fuite en Espagne, qui était aussi intervenu auprès du Premier ministre de l’époque, Abdelmalek Sellal, lui aussi sous les verrous pour corruption, afin de lever le droit de préemption de l’État sur le terrain en question, selon le même journal.
En comparaison, le journal cite une autre transaction effectuée en 2014 par la même ambassade qui a cédé un terrain appartenant à l’État français, également situé à El Biar, inférieur de moitié en superficie mais pour un montant qui dépasse le double de celui généré par le terrain vendu trois ans auparavant.
Il s’agit d’un terrain de 5051 mètres carrés situé à la rue Dzizi Khoudja Fatiha. Il a été cédé pour 1,21 milliard de dinars, selon El Watan.
La réponse de l’ambassade de France à Alger
Contactée par El Watan, l’ambassade de France à Alger a donné sa réponse sur les conditions de vente des biens en Algérie.
« En 2009, la Mission économique française a procédé à l’estimation financière de la villa El Zeboudj, située au 10 de la rue Sefindja. Sa valeur avait alors été évaluée sur la base d’un prix de base de 4,5 M€. Une procédure de publicité de cette vente a été effectuée à l’été 2010. Une offre de 500 000 000 DA a été reçue en mars 2011 (soit 4.99 M€ au taux de chancellerie de l’époque), la Commission interministérielle chargée d’émettre un avis sur les opérations immobilières à l’étranger (CIME), instance officielle française présidée par un magistrat de la Cour des comptes, ayant sur cette base émis un avis favorable à la vente effective du site pour cette valeur ».
L’ambassade de France a ajouté que « cette cession a fait l’objet d’un arrêté publié au Journal officiel de la République française (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000027084675). La villa El Zeboudj a donc été vendue à un prix correspondant à l’estimation qui en avait été faite par la Mission économique. S’agissant de la villa Jourdan, vendue en 2014, elle a été évaluée au montant de 1 milliard 133 millions de dinars. Cette propriété, a priori plus attractive compte tenu de sa localisation et de sa surface, a suscité beaucoup plus d’intérêt que l’autre et a été vendue pour cette valeur d’expertise ».
À l’issue de son deuxième passage en Algérie, Xavier Driencourt a été mis à la retraite. Libéré de son devoir de réserve, il intervient régulièrement dans le débat public sur les questions liées à l’Algérie, tenant un discours hostile et peu diplomatique à l’égard de cette dernière.
C’est lui qui a suggéré pour la première fois en mai 2023 de révoquer l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration. Récemment, il a proposé la révocation de l’accord de 2007 entre les pays sur l’exemption de visa des détenteurs des passeports diplomatiques.
