La visite du président Abdelmadjid Tebboune en Russie, qui survient dans un contexte marqué par les tensions entre Moscou et l’Occident à cause de la guerre en Ukraine, suscite des réactions en France.
Mercredi et jeudi à Moscou et vendredi à Saint-Pétersbourg, le président Tebboune a réaffirmé l’amitié de l’Algérie avec la Russie, en dépit des pressions occidentales.
La première visite du président Tebboune en Russie survient alors que le flou entoure les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France, en dépit du réchauffement survenu après l’affaire Amira Bouraoui.
Prévue durant la deuxième moitié du mois de juin, la visite d’État d’Abdelmadjid Tebboune à Paris, risque d’être à nouveau reportée en raison cette fois de l’agenda chargé du président Emmanuel Macron, selon des sources françaises. Les deux pays sont « en discussion pour trouver une date qui puisse convenir », a indiqué l’Élysée à des médias français.
Au mieux cette visite, qui devait initialement avoir lieu début mai, se fera l’automne prochain, même si les vents contraires sont puissants aussi bien en France qu’en Algérie.
En attendant qu’une date soit trouvée pour ce déplacement, le président Tebboune est allé en Russie, une visite qui « n’est pas forcément vue d’un mauvais œil à Paris », selon le Figaro.
« L’Algérie est un médiateur, quelqu’un qui peut parler à d’autres auxquels on ne parle pas. Le fait qu’elle parle aux Russes, à la limite c’est tant mieux », a indiqué une source diplomatique française à ce journal proche de la droite.
À Moscou, Abdelmadjid Tebboune a proposé la médiation algérienne dans le conflit ukrainien et le président russe Vladimir Poutine a accepté. « L’acceptation par Poutine de la médiation algérienne dans le conflit ukrainien va permettre à l’Algérie de renforcer son rôle diplomatique aux plans régional et international », estime un spécialiste algérien.
Sur son site internet, TF1 lie aussi la visite de Tebboune en Russie à l’état des relations entre l’Algérie et la France. Pour la chaîne française, Tebboune a fait un « beau cadeau » au président russe, en « réintroduisant » dans l’hymne national Kassaman un couplet qu’elle considère comme « anti-français ».
Algérie – France : la visite de Tebboune à Paris en juin peu probable
Pour TF1, la « réintroduction » ce couplet qui n’a pourtant jamais été supprimé, même si dans la pratique, Kassaman n’était pas systématiquement exécuté dans son intégralité, rapproche davantage l’Algérie de la Russie.
Le quotidien Le Monde place la visite de Tebboune en Russie dans un contexte plus global, celui de la volonté des Algériens de diversifier leurs partenaires, et de rassurer les Russes après les accords énergétiques conclus avec l’Italie et surtout les critiques formulées par Tebboune contre la présence du groupe Wagner au Mali.
À Moscou et à Saint-Pétersbourg, le président Tebboune a réitéré l’amitié de l’Algérie à l’égard de la Russie, son principal fournisseur d’armes.
Il a surtout réaffirmé la volonté de l’Algérie de rester souveraine sur sa politique étrangère qui est basée sur le non-alignement, et la diversification des partenaires économiques et politiques.
« Cette visite ne signifie pas que l’Algérie bascule dans le camp de la Russie », pointe Isabelle Werenfels, spécialiste du Maghreb à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), basé à Berlin, dans une déclaration au Monde.
Autre point souligné par Le Monde, les ambitions démesurées du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane qui veut devenir le seul leader arabe qui compte, ce qui suscite des frictions avec l’Algérie, qui elle veut reconquérir sa place sur l’échiquier diplomatique régional et international. Ce que Mohamed Ben Salmane y voit d’un mauvais œil.
Lors du sommet arabe qui s’est tenu à Riyad le 19 mai, le président Tebboune a préféré ne pas s’y rendre, et Alger avait exprimé son mécontentement vis-à-vis de Riyad qui a fait cavalier seul dans la préparation de cette rencontre.
Hasard calendrier ou non, c’est au moment où Poutine et Tebboune s’échangeaient les éloges au forum de Saint-Pétersbourg que le président Macron recevait en grande pompe Mohamed Ben Salmane à l’Élysée vendredi 16 juin.
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