La mésaventure que connait actuellement le président de l’APN, Said Bouhadja, n’accroche pas les présidents de groupes parlementaires des partis de l’opposition, qu’y voient une affaire « interne » au FLN.
« Le FFS n’est pas concerné par ce qui se passe au sein du FLN. On n’est même pas tenu de donner notre avis car c’est un problème interne », a soutenu Sadek Slimani, président du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS).
« Le jour du vote du président de l’APN, nous avons boycotté et aujourd’hui on ne peut pas remettre en cause un responsable dont on n’a pas participé à la désignation. On ne va pas participer à quoi que ce soit pour la destitution du président de l’APN », a-t-il tranché.
Un avis que partage Mohamed Saddok, chef du groupe parlementaire du MSP. « Pour le moment, la fronde des députés FLN contre le président de l’APN ne dépasse pas le cadre d’un conflit interne. Nous ne sommes pas approchés, comme groupe parlementaire, et l’affaire n’est même pas soumise à débat au sein de l’APN », a-t-il affirmé.
Même s’il a refusé de s’ « ingérer dans les affaires internes du FLN », le chef du groupe parlementaire d’El Adala, Lakhdar Benkhellaf n’est pas moins outré par ce qui se passe au sein de l’APN.
« On est contre ces manœuvres politiciennes qui visent la déstabilisation des institutions de l’État surtout à l’approche d’échéances électorales. Donner des instructions aux partis proches du pouvoir pour attaquer Bouhedja, le 3e personnage de l’État, ce n’est pas de cette manière qu’on règle les problèmes », a estimé, pour sa part, le président du groupe parlementaire d’El Adala, Lakhdar Benkhellaf . « En tant que députés, nous refusons d’être otages de ces agissements », a-t-il lancé.
Pour sa part, le chef du groupe parlementaire du PT, Djelloul Djoudi, n’a pas voulu s’exprimer sur le conflit opposant les députés FLN au président de l’APN.
« Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette affaire », s’est-il contenté de dire, non sans préciser que son parti est en campagne en faveur de « l’instauration d’une assemblée constituante qui va consacrer la vraie démocratie ».
Et à M. Djoudi d’ajouter : « L’actuel Parlement ne reflète pas les attentes des Algériens. On est arrivé au point où ce système est périmé et le président de la République doit convoquer une Assemblée constituante ».
Les députés FLN actionnés de l’extérieur du Parlement
Question : les députés frondeurs ont-ils agit de leur propre chef ou ont-ils obéit à des instructions ?
« À mon avis, cette affaire dépasse le cadre des députés. Il n’est pas exclu qu’elle a un lien avec les échéances futures, entre autres la présidentielle », a estimé M.Slimani.
Et d’ajouter : « Quand on voit ce qui se passe sur la scène politique avec les limogeages et les nominations, on a l’impression qu’une nouvelle carte se dessine. Il se peut que Bouhadja ne fasse pas partie de leur plan actuellement ».
Le député du MSP, M. Saddok, n’exclut pas lui aussi cette hypothèse. « Je n’ai pas d’informations mais il se peut que ce mouvement soit téléguidé par des parties à l’extérieur du Parlement », a-t-il soutenu.
L’autre député islamiste, M. Benkhellaf, n’en disconvient pas. « Il n’y a pas de fumée sans feu. Les députés frondeurs ont agi à la suite des instructions du secrétaire général du FLN qui a ainsi dépassé ses prérogatives et qui a agi en qualité de président de la République ».
Bouhadja démissionnera si on le lui demande
Reste maintenant à savoir qu’elle sera l’issue du bras de fer FLN- Bouhdja et si ce dernier continuera à faire de la résistance ou jettera-t-il le tablier, sans livrer bataille.
Les avis sont unanimes : il démissionnera si ses ‘’sponsors’’ ou la Présidence le lui demande.
« Ça ne dépend pas de Bouhadja, peut-être qu’il attend un message de ceux qui l’ont soutenu pour être à la tête de l’APN et il va se soumettre à leur décision. Il a de tout temps appliqué les instructions du pouvoir. Si la Présidence lui demande de démissionner, il s’exécutera. C’est quelqu’un de logique et discipliné », a expliqué M. Slimani, avant d’ajouter : « Mais si c’est Ould Abbes qui le fait, le bras de fer continuera ».
Le député Lakhdar Benkhallaf partage la même analyse. « Si Bouhadja confirme que les députés qui demandent sa tête, obéissent à des instructions venant d’en haut, c’est-à-dire les responsables qui l’ont mis dans ce poste, il va automatiquement démissionner », a –t-il présumé.