L’agression en France de la collégienne Samara a donné lieu à des conclusions hâtives des milieux islamophobes qui n’ont pas manqué l’occasion d’y voir une autre expression de l’islamisme violent. Mais lorsque le motif religieux a été écarté par l’enquête, l’affaire est devenue sans intérêt pour eux.
Samara, 13 ans, a été violemment agressée la semaine passée devant le collège où elle est scolarisée à Montpellier, dans le sud de la France. La jeune fille a été passée à tabac par trois mineurs, une fille et deux garçons de 14 à 15 ans. Gravement blessée, la victime est tombée dans le coma.
Les milieux extrémistes et xénophobes ont fait circuler sur les réseaux sociaux une rumeur selon laquelle Samara a été agressée parce que, dans son école, elle est la seule fille d’origine musulmane à ne pas porter le voile, donc qui refuse de vivre « sous le joug de la charia ».
L’affaire a eu un grand retentissement en France. Le ministère de l’Education a dépêché une commission d’enquête et les autorités judiciaires en pris en main l’affaire. Une semaine après l’agression, la jeune fille est sortie du coma et ses agresseurs ont été interpellés.
Trois mineurs ont été mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire » et placés sous contrôle judiciaire. Les enquêteurs n’ont pas fait état de motivations « religieuses » ayant conduit les agresseurs à commettre leur acte. Toute l’affaire serait en fait une histoire de harcèlement et d’invectives entre adolescents sur les réseaux sociaux.
L’ancien député européen Karim Zéribi s’est étonné sur CNews de l’empressement de certains à tirer des conclusions sans disposer des éléments nécessaires.
« Arrêtons de faire l’enquête avant l’enquête. Pourquoi on s’empresse à commenter des faits qui sont graves sans en avoir les éléments », s’est-il emporté.
Des similitudes entre l’affaire des Étoiles de David et l’agression de la collégienne Samara en France
Après la divulgation du véritable motif de l’agression, Karim Zéribi est revenu à la charge sur LinkedIn pour dire son étonnement du désintérêt soudain de ceux qui commençaient abondamment cette affaire.
« Comme par hasard, dans le cas de Samara, dès que le parquet a indiqué que suite aux auditions et à l’enquête, il ne retenait aucunement la dimension religieuse, plus aucun média ne s’est intéressé à cette affaire », écrit Karim Zéribi, l’un des fondateurs du Conseil mondial de la diaspora algérien.
L’ancien député européen a réitéré son refus de l’analyse « systémique » qui consiste à laisser croire que « derrière chaque musulman se cacherait un intégriste potentiel ».
Pour lui, cette affaire aurait dû plutôt attirer l’attention sur le véritable problème de société que constitue le harcèlement scolaire qui touche selon lui près d’un million d’élèves en France. « Cela vaudrait vraiment la peine que l’on se penche sur le sujet sans tenter d’instrumentaliser les esprits », estime-t-il.
D’autant plus qu’une telle instrumentalisation ne constitue pas une première. Karim Zéribi rappelle la similitude entre cette affaire et celle des étoiles de David taguées sur des murs à Paris en novembre dernier, quelques jours après l’éclatement de la guerre à Gaza.
L’affaire était fortement médiatisée et les faits présentés comme un acte antisémite, mais elle a perdu de son intérêt lorsque l’enquête a révélé que les auteurs des tags sont des Moldaves qui n’ont rien avoir avec la religion musulmane. « Notre pays mérite mieux que cette volonté de division permanente qui met à mal notre cohésion nationale », contre-attaque Karim Zéribi.
De son côté, le journaliste Mehdi Ghezzar s’est emporté contre le laxisme de la justice qui s’est contentée de placer sous contrôle judiciaire les auteurs d’un tel acte.
« Ils sont assez âgés pour mettre des gamins dans le coma mais ils ne sont pas assez âgés pour les mettre au placard. C’est quoi cette débilité ? Voilà pourquoi on en est arrivé là », a fustigé le journaliste sur le plateau de RMC.