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Lahouari Addi répond à la lettre de Bouteflika

Lahouari Addi répond à la lettre de Bouteflika

Au lendemain de votre démission de vos fonctions de chef d’État, vous avez écrit une lettre aux Algériens pour leur demander pardon. C’était encore une énième ruse pour avoir la sympathie de vos compatriotes que vous avez profondément blessés dans au moins deux occasions.

La première, en 2013, lorsque vous avez eu un AVC qui vous a privé de vos capacités physiques et intellectuelles. Bien que vous n’étiez pas en mesure de remplir vos lourdes fonctions, vous avez empêché l’État d’avoir un président qui gère les affaires courantes de la nation.

Le président étant un symbole, vous avez donné durant six ans une image d’un pays en chaise roulante, handicapé et aphasique. Si vous aviez un brin de respect pour ce peuple, vous vous seriez adressé à lui pour lui dire que vous mettez fin à vos fonctions pour raisons de santé. Vous ne l’avez pas fait et le jugement de l’histoire à votre égard sera sévère.

Le deuxième affront que vous avez fait au peuple algérien, c’est d’être allé vous soigner dans l’hôpital de l’ancienne armée coloniale qui a bombardé au napalm nos douars, et qui a fait guillotiner le premier martyr algérien Ahmed Zabana.

Vous avez dormi pendant plusieurs semaines dans le lit qu’ont occupé dans ce même hôpital les généraux Bigeard et Aussaresses qui ont assassiné Larbi Ben Mhidi. Vous avez  violé le respect dû aux martyrs et foulé à vos pieds la symbolique sacrée sur laquelle notre État est construit.

Et pourtant, il y a des compétences à l’hôpital militaire de Ain Naaja ; il y a des médecins de haut niveau  que vous avez blessés en les ignorant.

Mais vous n’aviez confiance ni en nos médecins militaires ni au système de santé qui s’est en effet dégradé sous votre interminable règne. Pendant que vous vous soigniez à l’étranger, en septembre 2017, les urgences des hôpitaux d’Alger et de Blida ont dû faire face à une épidémie de choléra avec des moyens dérisoires.

Et lorsque les jeunes médecins ont manifesté pour avoir plus de moyens pour soigner les malades avec dignité, votre gouvernement leur a envoyé des forces de sécurité habillées en gladiateurs pour les réprimer sauvagement dans la rue.

Vous avez trahi le peuple, vous avez insulté la mémoire des martyrs, et vous avez voulu tromper même Dieu en essayant de lui soutirer deshassanates en construisant une grande mosquée avec l’argent public.

La yajouz ya Bouteflika. La mosquée aurait dû être construite avec votre argent personnel et l’argent des entrepreneurs que vous avez enrichis. Chez nous on dit « man lahaytou bakharlou ». Avec l’argent du peuple, vous vouliez acheter des hassanates !

Ces milliards de dollars qu’a pris la Chine  auraient dû servir à améliorer le système de santé ou à construire des centres de formation technologique pour dissuader nos jeunes de traverser la Méditerranée au prix de leurs vies.

Et puis la grandeur de l’islam ne se mesure pas à la hauteur des minarets comme l’a dit Omar Ibn al Khattab. Elle se mesure avec la sincérité de la foi et avec l’expression de la solidarité envers les plus faibles. L’islam est une religion qui donne plus d’importance aux mou’amalates qu’aux ‘ibadates, contrairement à ce que vous ont dit les zaouiates que vous fréquentez.

Cet attrait des grandes mosquées a commencé avec Mou’awiya qui a imité les empereurs Byzantins qui avaient construit des basiliques grandioses pour se faire couronner.  En tout cas M. Bouteflika, n’espérez pas que cette mosquée portera votre nom. L’histoire lui a déjà donné un nom : ce sera la mosquée du 22 février al moubarak.

*Lahouari Addi est universitaire

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