Des importateurs de lait qui opéraient dans le cadre de la politique de subventions de la poudre de lait importée vers l’Algérie profitaient de ce mécanisme pour surfacturer leurs importations et cacher le surplus illégalement dégagé de cette façon dans des comptes en banque domiciliés à Genève, a révélé, ce mercredi 5 septembre, Swissinfo.ch.
Selon le journal suisse, deux arrêtés des tribunaux fédéraux suisses ont révélé que les bénéfices illicites de ces importateurs sont actuellement séquestrés à Genève sur demande d’Alger où l’enquête se poursuit.
Zoubir Berehi, 75 ans, est un de ces importateurs fraudeurs dont le nom est cité par Swissinfo.ch. Il aurait, selon le journal, détourné 1,2 million de dollars de subventions par mois entre 2007 et 2009 grâce à une entreprise qu’il détenait en secret.
Déjà cité dans les documents des Panama Papers en 2016, Zoubir Beheri achetait la poudre de lait à travers la société qu’il détenait secrètement pour racheter la même marchandise, officiellement cette fois-ci, à travers sa laiterie en Algérie et le tout en gonflant la facture dont le montant pouvait augmenter jusqu’au double, selon le journal suisse. Une différence de prix comblé par les subventions payées par l’Algérie en devises et qui étaient empochée par l’importateur.
Alors que l’enquête se poursuit en Algérie depuis plus de dix ans, le Tribunal pénal fédéral suisse a été saisi, en juillet de l’année passée, par le juge d’instruction du pôle spécialisé du Tribunal de Sidi M’hammed pour requérir la coopération de la justice suisse.
Cette requête reçue favorablement par la Suisse a mené au séquestre par la justice helvétique de plusieurs comptes dans deux banques suisses, selon Swissinfo.ch qui cite les juges de Belinzone.
Zoubir Berehi n’est pas le seul impliqué dans l’affaire. Sont visés par l’enquête algérienne son fils et son beau-frère qui détenaient eux aussi des comptes en Suisse. Les trois individus ont tenté de bloquer la procédure de coopération entre la justice suisse et la justice algérienne et le séquestre de leurs comptes mais leur demande a été rejetée une première fois par le Tribunal de Belinzone et par les juges du Tribunal fédéral une seconde fois.
Les informations concernant les comptes bancaires détenus par les Berehi en Suisse ont été transmises à la justice algérienne sans que les détails concernant d’éventuelles procédures en Suisse ne soient donnés, a rapporté Swissinfo citant le Ministère Public de Genève.