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L’Algérie aux JO 2024 : l’hécatombe, en attendant l’hirondelle Kaylia

En attendant l’hirondelle Kaylia Nemour, c’est l’hécatombe parmi les athlètes algériens engagés dans les Jeux olympiques de Paris 2024. Plus d’une dizaine sur les 46 sportifs en lice sont déjà éliminés au troisième jour des épreuves.

Les prévisions ne sont jusque-là pas démenties. Les espoirs de médaille de l’Algérie se limitent à quelques athlètes qui se comptent sur les doigts d’une seule main. Kaylia Nemour en gymnastique, Djamel Sedjati au 800 mètres, Imane Khelif en boxe féminine et peut-être un ou deux autres. Le reste risque de faire de la figuration.

En trois jours d’épreuves, les représentants de l’Algérie, à quelques exceptions près, sont passés à la trappe l’un après l’autre. Koceila Mammeri et sa sœur Thanina au Badminton, Lynda Leghraibi en tennis de table, Hedjila Khelif en boxe, Saoussen Boudiaf, Heroui Salim et toute l’équipe nationale d’escrime, Carole Bouzidi en Canoë kayak, Mourad Kadi (qui a crié à l’injustice) et Jugurtha Ait Beka en boxe, Nihad Benchadli en aviron, Mehdi Bouloussa en tennis de table, ou encore le boxeur Redouane Dris, disqualifié pour surpoids. Une quinzaine d’athlètes sont déjà éliminés.

Une ou deux médailles d’or suffiront pour faire la fête et crier à l’exploit. Deux médailles d’or au cours d’un même tournoi olympique est justement le record de l’Algérie en 14 participations aux JO.

Il date des jeux d’Atlanta en 1996 avec les sacres de Noureddine Morceli au 1500 mètres et Hocine Soltani en boxe. Évidemment que c’est un triste record. De toutes ses participations, l’Algérie compte 5 médailles d’or, tous sports confondus. Le nageur américain Michael Phelps en a gagné 8 en une seule édition, en 2008 à Pékin. Entre 2004 et 2016, il en a remporté 23.

On l’oublie peut-être, mais l’Algérie n’est pas une petite nation. C’est un pays de 46 millions d’habitants qui s’étend sur plus de deux millions de km2. Envoyer seulement 46 représentants aux JO, soit un athlète pour un million d’habitants, est un échec en soi. Y revenir bredouille est inacceptable. Même deux ou trois médailles olympiques est un résultat qui ne sied pas à la taille et à l’aura du pays.

Pourquoi l’Algérie ne brille pas aux jeux olympiques

L’Algérie est aussi un État qui dépense énormément pour le sport. Sauf que la manne est mal répartie. Il n’y en a que pour le football, précisément pour les salaires des joueurs de football, les infrastructures et les dirigeants.

La moitié des clubs de l’élite sont financés par des sociétés publiques qui ne comptent pas leurs sous quand il s’agit d’engager des joueurs médiocres et de leur payer salaires et primes, parfois faramineuses.

Le hasard fait parfois bien les choses. Dimanche 28 juillet, alors que les athlètes algériens se faisaient étriller un à un à paris, le plus populaire des clubs algériens, le Mouloudia d’Alger qui est financé par Sonatrach, c’est-à-dire par la rente pétrolière, annonçait le départ de Youcef Belaili pour une histoire d’argent. Le joueur le mieux payé du championnat d’Algérie, avec de l’argent public, voulait apparemment plus.

Pendant que le football est nourri généreusement à la mamelle publique, les autres disciplines, celles qui auraient pu valoir des satisfactions olympiques à l’Algérie, sont désespérément négligées ou marginalisées. Il n’y a d’yeux que pour le football qui malheureusement ne produit même pas des joueurs capables de porter les couleurs de l’équipe nationale.

Il est vrai que l’État a débloqué une belle somme, 2,8 milliards de dinars, soit 20 millions de dollars, pour la préparation des athlètes qualifiés pour Paris. Mais cet argent aurait été plus utile s’il avait été dépensé plus tôt, c’est-à-dire lorsque ces athlètes étaient au stade de la formation. Or, la formation est le parent pauvre du sport algérien et le pays est réduit à attendre qu’un sportif formé ailleurs choisisse de défendre ses couleurs, y compris en football.

Le nombre d’accompagnateurs fait grincer des dents en Algérie

Plusieurs des athlètes algériens présents à Paris ont été formés en France, dont l’espoir de médaille Kaylia Nemour. Sedjati, Khelif et d’autres sont certes le produit de la formation algérienne, mais c’est encore une fois dérisoire par rapport à la taille et aux moyens du pays.

L’Algérie aura peut-être, et même sans doute sa part de médailles aux jeux de Paris. Kaylia Nemour, c’est presque sûr, décrochera quelque chose et fera le bonheur de tout un peuple. Mais elle restera l’hirondelle qui, à elle seule, ne peut faire le printemps.

Et la feuille de vigne qui cachera, sans la faire disparaître, l’immense gabegie du sport algérien.  Après trois jours de compétition aux de JO de Paris 2024, l’Algérie n’a rien gagné et les prémices d’un scandale commencent à émerger avec la polémique sur le nombre d’accompagnateurs des 46 athlètes ainsi que la présence au sein de la délégation algérienne de personnes qui ne devraient pas faire le voyage à Paris, comme l’a dénoncé le député FLN de Djelfa Ahmed Rabhi.

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