Les ex-dirigeants de la société de consulting pétrolier basée à Monaco Unaoil ont plaidé coupable d’avoir versé des millions de dollars en pots-de-vin à des responsables politiques dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient dont l’Algérie entre 1999 et 2016, a annoncé hier mercredi le département de la Justice américain.
Cyrus et Saman Ahsani, deux citoyens britanniques d’origine iranienne, ont plaidé coupable d’avoir conspiré pour faciliter des pots-de-vin pour garantir l’obtention de contrats pétroliers et gaziers dans plusieurs pays dont l’Algérie. Les deux hommes ont plaidé coupable en mars dernier mais l’annonce n’a été effectuée que cette semaine par le département de la Justice.
« Entre 1999 et 2016 environ, les Ahsanis ont conspiré avec d’autres, y compris de nombreuses entreprises et particuliers, pour verser des millions de dollars en pots-de-vin à des responsables gouvernementaux en Algérie, en Angola, en Azerbaïdjan, en République démocratique du Congo, en Iran, en Iraq, au Kazakhstan, en Libye et au Soudan Syrie », indique le département de la Justice des Etats-Unis dans son communiqué diffusé ce mercredi.
La justice américaine indique également que Cyrus et Saman Ahsani « ont blanchi le produit de leur stratagème de corruption afin de les promouvoir, de les dissimuler et de provoquer la destruction d’éléments de preuve afin de faire obstruction aux enquêtes aux États-Unis et ailleurs ». Le verdict sera rendu le 20 avril prochain.
« Les gouvernements de l’Australie, du Canada, de la France, de Guernesey, de l’Italie, de Monaco, des Pays-Bas, du Portugal, de la Suisse et du Royaume-Uni ont fourni une assistance importante dans ce dossier », précise par ailleurs le département de la Justice américaine, ne citant pas ainsi une éventuelle contribution à l’enquête par le gouvernement algérien.
Révélée en avril 2016 par le journal australien The Age et la version américaine du HuffPost, le « scandale Unaoil » avait mis en lumière un vaste réseau de corruption au centre duquel se trouve une compagnie intermédiaire Unaoil, basée à Monaco et dont faisaient partie les responsables de grandes compagnies de l’industrie des hydrocarbures dont Halliburton, Leighton Holdings, Petrofac, FMC Technologies, Eni et Saipem.
L’enquête des deux médias avait notamment révélé que des hauts dirigeants non identifiés de la compagnie pétrolière nationale Sonatrach ont perçu des pots-de-vin pour faciliter l’obtention du contrat de 600 millions de dollars pour rénover la raffinerie d’Arzew, accordé à Hyundai en 2008, ainsi que celui de la modernisation de la raffinerie de Skikda, accordé à Samsung en 2009 pour une valeur de 1,2 milliards de dollars.
Les journalistes de The Age avaient également révélé les noms de deux Algériens payés pour « aider » Unaoil. Omar Habour et Tewfik Guerbatou ont reçu deux millions dollars en échange d’influence au sein de la compagnie malaisienne Petronas et d’autres entreprises asiatiques, avait rapporté le journal australien. En plus de la commission, les deux intermédiaires algériens ont reçu des paiements pour un tapis persan et littéralement une collection de bons vins.
Réputé proche de l’ex-ministre de l’Energie Chakib Khelil, Omar Habour a été condamné en septembre 2018 à quatre ans et un mois de prison par la justice italienne pour son implication dans le scandale de corruption Sonatrach-Saipem.