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L’Algérie compte-t-elle trop de facultés de médecine ?

L’Algérie compte-t-elle trop de facultés de médecine ?

Y a-t-il trop de facultés de médecine en Algérie ? Depuis l’annonce de l’ouverture de 13 annexes d’écoles de médecine, la polémique enfle.

Le 30 mars, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a présidé la cérémonie de lancement de 13 nouvelles annexes de facultés de médecines à travers le pays.

Les nouvelles structures seront opérationnelles à partir de la prochaine rentrée universitaire dans les wilayas de Msila, Saida, Adrar, Biskra, Djelfa, Tipaza, El-Oued, Boumerdes, Tiaret, Chlef, Mascara, Oum El-Bouaghi et Skikda, ajoute la même source.

L’ouverture des nouvelles facultés a relancé le débat sur la formation des médecins en Algérie.

L’université algérienne forme chaque année des milliers de médecins. Ses capacités, que certains estiment excédentaires, se retrouvent renforcées par l’ouverture de nouveaux établissements dans 13 wilayas du pays.

Plusieurs acteurs du secteur ont plaidé pour une refonte du système de formation en médecine axée sur la qualité et non sur le nombre.

Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat autonome des praticiens de santé publique (SNPSP) a réagi vendredi 31 mars sur son compte Facebook estimant que « la création d’écoles de médecine partout ne servira en rien la société ».

 « Cela va diluer la performance de l’université et affaiblir ses capacités en matière de formation et d’encadrement », a-t-il écrit à ce sujet.

De son côté, le Professeur Salim Benkhedda, chef du service de cardiologie au CHU Mustapha Bacha à Alger a abordé dans le même sens dans plusieurs publications sur son compte Facebook également.

Formation des médecins en Algérie : « Il faut revoir les choses »

« Sommes-nous devant un problème de quantité ou de qualité et de bonne gestion des ressources déjà existantes ? Est-ce que le problème réside dans la formation des médecins ou dans l’embauche des médecins nouvellement diplômés ? », se demande-t-il.

Le Pr Benkhedda a versé dans une comparaison avec les pays africains faisant savoir qu’en Tunisie il y a quatre université de médecine seulement et qu’au Maroc il y en a huit alors que l’Afrique du Sud en compte douze.

Le chef de service de cardiologie à l’hôpital Mustapha Bacha a pointé le problème de l’exode massif des médecins algériens vers l’étranger notamment vers les hôpitaux français.

« La formation en grand nombre de médecins va-t-elle être dirigée vers le marché local ou bien elle va servir à couvrir les besoins des hôpitaux occidentaux, notamment français qui enregistrent un grand manque en médecins ? », s’interroge le Pr Benkhedda.

Contacté par TSA ce dimanche 2 avril, le président de l’Ordre des médecins, le Dr. Mohamed Bekkat Berkani, préconise une nouvelle approche dans la formation des médecins en Algérie basée sur la spécialisation et sur la qualité de la formation.

« On forme trop de médecins généralistes, la plupart basés dans le nord du pays et qui ne trouvent pas de travail. Il faut revoir les choses et opter pour la formation de spécialistes. Je pense notamment à la chirurgie cardiaque et à l’ophtalmologie interventionnelle par exemple », a-t-il expliqué.

Pour le président de l’Ordre national des médecins, il y a une demande croissante de la part des bacheliers notamment la gent féminine sur la médecine en Algérie vu ce qu’il qualifie d’inflation des moyennes aux examens du BAC.

« Un problème de formateurs se pose aussi. Un numerus clausus s’impose pour mieux former les médecins dans les nouvelles facultés ouvertes ici et là », ajoute-t-il.

Le Dr Bekkat Berkani évoque une « équation » sur des statistiques et des normes internationales en partant des besoins de la population, de l’évolution des maladies en Algérie.

« Au bout du compte, les études de médecine et de pharmacie sont les plus demandées. Sauf qu’on se retrouve avec un nombre de médecins surtout dans le nord qui se retrouvent sans travail. Ces derniers sont mal payés, mal considérés et n’ont d’autres choix que d’aller vers l’étranger notamment vers la France », a-t-il conclu.

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