Vers la fin de la crise politique entre l’Algérie et l’Espagne ? La Banque d’Algérie vient demander aux banques de traiter les domiciliations bancaires pour le commerce avec l’Espagne dans le cadre de la loi sur le change en vigueur. Une façon de les autoriser à reprendre normalement le commerce avec l’Espagne.
La suspension des domiciliations bancaires pour les opérations commerciales de et vers l’Espagne a été prise en juin 2022. Elle a été instituée par une note dans ce sens adressée par l’Abef, l’association des banques et établissements financiers, aux banques commerciales. La mesure a été prise dans la foulée de la suspension, le 8 du même mois, par le gouvernement algérien du traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage signé entre les deux pays en 2002.
Cette dégradation des relations entre Alger et Madrid avait fait suite à la décision du gouvernement espagnol de s’aligner sur les thèses du Maroc dans le dossier du Sahara occidental en apportant son appui au plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007.
Par cette décision dévoilée le 18 mars 2022, le président du gouvernement de Madrid, Pedro Sánchez, avait ainsi rompu brutalement avec la neutralité historique de l’Espagne dans le dossier, en sa qualité d’ancienne puissance colonisatrice du territoire.
Avant la crise, les deux pays échangeaient pour à peu près six milliards de dollars de marchandises, répartis presque équitablement entre les hydrocarbures algériens et des produits et intrants industriels et agricoles espagnols.
Algérie – Espagne : le commerce reprend après deux ans et demi de gel presque total
En 2019, année de référence avant la pandémie, l’Espagne avait expédié pour trois milliards de dollars de marchandises vers l’Algérie.
La mesure a fait très mal à certaines filières de l’économie espagnole qui comptent des entreprises travaillant presque exclusivement avec des opérateurs algériens. Elle a néanmoins épargné les livraisons d’hydrocarbures. Principal fournisseur de l’Espagne en gaz, l’Algérie a fait savoir à plusieurs reprises qu’elle honorera ses engagements contractuels.
Des pressions ont été exercées par les milieux d’affaires espagnols et au niveau du Parlement sur Pedro Sánchez pour qu’il reconsidère sa position vis-à-vis du conflit sahraoui, en vain.
La nomination d’un ambassadeur d’Algérie à Madrid en novembre 2023, après près de 18 mois de vacances du poste, avait laissé entrevoir les prémices de la fin de la crise et du gel du commerce. D’autant plus que le 14 janvier 2024, la suspension a été levée pour les importations d’intrants agricoles espagnols, puis pour la viande rouge de ce pays, le 24 février.
Il a fallu attendre 9 autres mois pour que la levée du gel du commerce soit généralisée.
Dans une note datée de mercredi 6 novembre 2024, la Banque d’Algérie a signifié aux banques commerciales que les opérations commerciales avec l’Espagne ne font l’objet d’aucune mesure exceptionnelle par rapport à celles avec d’autres pays.
« Les opérations de domiciliation bancaires des opérations de commerce extérieur de et vers l’Espagne doivent être traitées conformément à la réglementation de changes en vigueur », a écrit la Banque centrale dans sa note aux directeurs généraux des banques commerciales. Le document a été largement partagé sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement ne s’est pas exprimé sur la levée du blocage, mais il faut rappeler qu’il ne l’avait pas fait non plus officiellement lorsque le gel a été décrété, sur une note de l’Abef.
La mesure survient au moment où des bruits courent sur le blocage du commerce pour les mêmes raisons avec la France. L’Algérie est sans ambassadeur à Paris depuis plus de quatre mois.
Alger a procédé au retrait de l’ambassadeur Saïd Moussi le 31 juillet, au lendemain de la décision du président Emmanuel Macron de reconnaître la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental et d’appuyer le plan d’autonomie marocain comme étant « la seule base possible » pour parvenir à un règlement du conflit.
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