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L’Algérie déçue par « l’ingratitude » de l’Espagne

L’Algérie déçue par « l’ingratitude » de l’Espagne

L’Espagne a de manière très inattendue annoncé vendredi 18 mars son soutien au plan d’autonomie marocain pour le règlement du conflit au Sahara occidental.

Il s’agit d’un revirement historique de l’ancienne puissance colonisatrice des territoires sahraouis, qui a soutenu dans un premier temps le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination avant d’appuyer le plan onusien de règlement du conflit.

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Logiquement, la décision a été très mal accueillie par Alger qui a dénoncé une « deuxième trahison » pour le peuple sahraoui, après l’accord de partition du Sahara occidental, signé à Madrid en 1975, quelques mois  avant le départ des espagnols en février 1976.

Comme première mesure, l’ambassadeur d’Algérie en Espagne est rappelé à Alger « pour consultations », avec « effet immédiat ». Dans le langage diplomatique, cela exprime clairement la colère d’Alger. Certains craignent que l’ambassadeur de l’Algérie à Madrid risque de rester longtemps à Alger avant de rejoindre son poste. « Il peut ne plus y revenir », redoute un proche du dossier.

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L’Algérie n’est pas partie au conflit et sa position a toujours été de défendre le droit des Sahraouis à exercer leur droit à l’autodétermination, conformément à la légalité internationale, notamment les résolutions des Nations-Unies.

Il est donc dans l’ordre des choses qu’elle n’apprécie que peu qu’un État qui tenait la même position change subitement de fusil d’épaule et s’aligne sur les thèses marocaines.

De surcroît, lorsqu’il s’agit de l’ancienne puissance coloniale qui a une responsabilité historique dans l’occupation marocaine du Sahara occidental et d’un pays avec lequel les relations ont toujours été au beau fixe.

Lorsque, à l’automne 2020, les États-Unis de Donald Trump étaient allés plus loin en reconnaissant la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés, l’Algérie n’avait pas été surprise outre mesure.

La décision de Donald Trump n’avait rien d’un événement inattendu dès lors qu’elle constituait une clause prévue dans les accords triangulaires incluant également le rétablissement des relations entre le Maroc et Israël.

Dans le cas du revirement espagnol, certains analystes avancent un fléchissement du gouvernement de Pedro Sanchez devant la pression et le chantage migratoire exercé par le Maroc.

Des relations historiques et un partenariat solide

Si telle est la raison de ce changement brusque de position, il faut dire que l’Espagne a cédé avec une facilité déconcertante après des incursions de migrants dans ses enclaves de Ceuta et Melilla.

Cela révèle le très peu de cas qu’elle fait de la question sahraouie, dans laquelle elle a une responsabilité historique, et partant, de ses relations avec l’Algérie.

La réaction de cette dernière se comprend et sa déception est à la mesure de ses relations historiquement bonnes avec l’Espagne. La déception est d’autant plus grande que c’est un gouvernement socialiste qui franchit le pas que n’ont pas osé franchir ses prédécesseurs d’autres obédiences pendant plus de 45 ans.

Les socialistes espagnols ont toujours trouvé refuge, aide et assistance en Algérie, alors qu’ils étaient persécutés dans leur pays dans les années 1960 et dans la première moitié des années 1970.

Dans les années 1980, l’Algérie a été aux côtés de l’Espagne qui faisait face à des mouvements séparatistes dans le Pays Basque et aux îles Canaries. Le président Chadli Bendjedid avait pris la décision d’expulser les représentants de ces organisations alors que l’Espagne se démocratisait irrémédiablement.

Pendant des décennies, l’Algérie a été un fournisseur fiable de gaz à l’Espagne. Grâce aux livraisons qui viennent d’Algérie à travers les gazoducs Maghreb-Europe (GME) et Medgaz, l’Espagne est devenue un important pays de transit de cette énergie avec plusieurs usines de regazéification.

Aujourd’hui, il dispose de capacités nécessaires pour devenir un hub gazier pour approvisionner une bonne partie de l’Europe qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Même lorsque l’Algérie a décidé de fermer le GME en réaction aux actes hostiles du Maroc, l’Espagne  a été rassurée au plus haut niveau quant à la continuité de son approvisionnement. Et c’est ce qui a été fait, permettant à l’Espagne d’être dans une position plus confortable par rapport à d’autres pays d’Europe après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

À cela s’ajoutent les nombreux contrats obtenus par les groupes espagnols dans le BTP en Algérie durant les années 2000. « L’Espagne s’est montrée à l’égard de l’Algérie, note notre source. Avec ce qu’elle a fait sur le Sahara occidental, elle s’est exclue elle-même de ce dossier ».

Tourner le dos brusquement à un voisin historiquement et géographiquement proche et économiquement fiable est un acte difficilement compréhensible.

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