Le spécialiste en énergie, Tewfik Hasni, estime que le temps où les entreprises étrangères qui activent en Algérie et qui exportent leurs produits tout en bénéficiant d’un prix de gaz à un tarif « ridicule » est révolu. Il appelle à faire payer plus ces entreprises qui réalisent toute leur valeur ajoutée à l’étranger.
L’Algérie doit-elle continuer à vendre le gaz à un prix bas à des entreprises étrangères qui exportent et transfèrent leurs dividendes ?
La problématique des coûts de cession du gaz pour les entreprises qui exportent et qui font parfois toute la valeur ajoutée sur le « semi-produit » exporté n’est pas nouvelle. C’est le cas du clinker. Le principal coût de production dans le clinker, c’est le gaz.
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Ensuite, on nous dit qu’on a exporté du ciment : c’est faux. Le clinker est un semi-produit qui est par la suite transformé ailleurs, dans d’autres unités de l’exportateur, et la valeur ajoutée se fait là-bas (à l’étranger).
Le coût de cession du gaz sur le marché interne est ridicule. Ceci, nous l’avons souvent condamné. Si cela avait été pour la consommation nationale, on l’aurait compris, si ça avait été pour une entreprise algérienne qui pourrait concurrencer d’autres exportateurs à l’étranger, également on l’aurait compris. Or, ce n’est pas le cas. C’est le partenaire étranger qui bénéficie de cette situation.
Qu’est-ce qu’il y a lieu de revoir concrètement ?
Il est clair que la propriété doit être totalement algérienne. Aider les entreprises qui sont 100 % algériennes afin de pouvoir exporter, ça je l’accepte.
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Si c’est pour simplement aider une entreprise étrangère qui vient faire toute sa valeur ajoutée à l’extérieur tout en bénéficiant d’un coût du gaz très bas, non.
Autrement dit, l’Algérie doit vendre plus cher le gaz aux entreprises étrangères exportatrices ?
Absolument. Si le produit fabriqué est destiné à l’exportation, l’exportateur doit payer le prix. Alors que le prix du gaz à l’international coûtait 38 dollars, le gaz était cédé ici à 0,25 dollars le million de BTU.
C’est quand même ridicule. C’est un avantage dont on faisait bénéficier toutes les entreprises qui s’installaient en Algérie. Maintenant c’est à revoir.
Les prix du baril de pétrole frôlent les 100 dollars. Cette tendance est-elle durable ?
J’ai dit il y a quelque temps que les prix du pétrole allaient se stabiliser entre 57 et 80 dollars le baril. Et qu’il y allait toujours avoir des pointes à 90 dollars, selon les conjonctures.
Aujourd’hui c’est la crise ukrainienne. Cette hausse est donc conjoncturelle. Les études les plus sérieuses font ressortir que le prix moyen du baril de pétrole en 2022 sera de 80 dollars.