L’Algérie a fait un grand pas samedi pour devenir un acteur important dans le domaine des fertilisants agricoles en lançant l’exploitation d’un gisement géant de phosphate, sans les Chinois. Le projet a été confié à deux groupes publics, Sonatrach et Sonarem (Société nationale de recherche et d’exploitation minière).
Le coup d’envoi du projet a été donné par le ministre de l’Energie et des mines Mohamed Arkab à Bled El Hadba à l’extrême sud de Tébessa, en présence des patrons de Sonatrach, de la Sonarem, mais en l’absence des partenaires chinois qui devaient prendre part à cet investissement.
Cette mine fait partie d’un projet intégré d’extraction, de transformation et d’exportation du phosphate.
La mine de Bled El Hadba « renferme une importante réserve de phosphate brut susceptible d’être exploitée pendant 80 ans avec plus de 1.200 millions tonnes dont plus de 800 millions exploitables », a déclaré Mohamed Arkab.
La production va commencer début 2027 avec la production de 6 millions tonnes/an de phosphate brut à Bled El Hadba et 5 millions tonnes/an de fertilisants à Oued Keberit dans la wilaya de Souk Ahras, selon l’agence officielle.
M. Arkab, a précisé que l’exploitation de ce gisement de phosphate sera fera par une « main d’œuvre algérienne à 100 % et par des compétences exclusivement nationales avec en tête les deux groupes Sonatrach et Sonarem assistés par des cadres de l’université algérienne ».
L’Algérie écarte les Chinois d’un important projet minier
Les groupes chinois, qui devaient participer à la réalisation de ce projet intégré dont l’investissement a été évalué à six milliards de dollars, ont été écartés pour des raisons qui seraient liés à leur capacité financière et technique insuffisante.
En mai 2023, Tewfik Hakkar, alors PDG de Sonatrach (il a été limogé et remplacé par Rachid Hachichi), avait effectué une visite de travail en Chine pour y chercher des financements à ce projet gigantesque qui devait être exploité par la société algéro-chinoise d’engrais ACFC (Algerian Chinese Fertilizers Company).
Cette société a été créée en mars 2022 par les sociétés algériennes Asmidal et Manal et les groupes chinois Wuhuan et Tian’an pour un investissement de 7 milliards de dollars. ACFC était détenue à 44% par les Chinois contre 66% pour la partie algérienne.
Toutefois, il s’est avéré que les partenaires chinois ne possédaient pas les capacités financières nécessaires pour ce genre de projet, ce qui a amené les autorités algériennes à le confier à deux groupes publics. La Sonarem est chargée de l’exploitation de la mine alors que Sonatrach va produire les fertilisants.
Le même jour, le ministre Arkab a donné le coup d’envoi pour la réalisation de l’usine de transformation et de production de fertilisants azotés et phosphatés à Oued Keberit. Les travaux de construction de cette usine dureront de 12 à 18 mois, selon Nadia Benyoussef, directrice centrale chez Sonatrach qui s’exprimait ce lundi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne.
Ce lundi, Nadia Benyoussef, directrice centrale chez Sonatrach, a détaillé le fonctionnement de ce projet intégré. « L’extraction du phosphate brut à raison de 10,5 millions de tonnes par an sera au niveau du site de Bled El Hadba », avant d’être transféré à l’usine de Oued Keberit pour sa transformation en engrais pour l’agriculture », a-t-elle expliqué sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
En plus de son importance pour l’économie et l’agriculture algérienne puisqu’elle permettra l’autosuffisance en matière de fertilisants, ce projet intégré va créer des milliers d’emplois dans les wilayas de Tébessa et de Souk Ahras. « Celui qui détient les engrais détient pratiquement un pouvoir de décision énorme », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2023.
Selon le ministre de l’Energie et des mines, l’Algérie figure dans le Top 10 des pays au monde avec des réserves géologiques en phosphate estimées à plus de 3 milliards tonnes dont 1,2 milliards tonnes au gisement de Bled El Hadba.