C’est une leçon de journalisme qui se termine par une amère constatation : “il y a quelque chose à améliorer dans les rapports entre les chercheurs français et ceux d’Algérie”.
La remarque est de François Savatier, journaliste scientifique chargé de l’archéologie qui n’a pas caché sa consternation après la remise en cause par le magazine Le Point de la découverte effectuée par l’équipe de Mohamed Sahnoun à Ain-Boucherit, dans la wilaya de Sétif.
Les recherches ont conclu que les galets en calcaire et silex mis à jour sur le site et ressemblant à ceux découverts en Afrique de l’Est dateraient de 2,4 millions d’années. Ce qui fait de l’Algérie comme l’ensemble de l’Afrique le berceau de l’humanité.
“Faux!”, avait répondu un journaliste du Point dans un article dégoulinant d’ironie et suintant la condescendance. Il se référait à des doutes du paléontologue Jean-Jacques Hublin qui lui a affirmé préparer un écrit pour exposer ses réserves remettant en cause la technique de datation utilisée par Mohamed Sahnoun.
Mais cet écrit risque de ne jamais arriver parce que les assertions du paléontologue sont tout simplement erronées, alerte son confrère François Savatier de la revue Pour la Science. “Si un tel article est en cours de rédaction sa rédaction durera probablement un certain temps, du moins un temps certain. Du reste, depuis deux mois que la découverte a été publiée, rien ne s’est produit, ce qui aurait été le cas, si ce qui biaisait la découverte algérienne était facile à mettre en évidence”, raille François Savatier.
Il ajoute : aucune critique scientifique, réalisée par des scientifiques, publiant de façon scientifique du travail de l’équipe Sahnoun, n’existe. Supputation : aucun papier n’est en cours de rédaction, ni aucun en cours d’examen dans une revue scientifique à comité de lecture.
Ses vérifications lui permettent de savoir que l’équipe de M. Sahnoun a combiné quatre techniques de datation et pas seulement celle dite du paléomagnétisme contestée par Jean-Jacques Hublin. Donc, affirme le journaliste scientifique, “la démarche de datation du site d’Ain Boucherit est solide et fiable ; il faut refaire indépendamment ce travail considérable pour éventuellement y déceler une erreur”.
Pour lui, le travail accompli par l’équipe de M. Sahnoun” a toutes les apparences d’avoir été méticuleux, prudent, systématique, du moins autant selon mon expérience, que d’autre travaux de datation du même genre menés ailleurs en Afrique pour dater des terrains anciens à millions d’années”.
Jusqu’à preuve du contraire, l’Algérie restera donc “Oum Dounia” et sa capitale Ain-Bouchrit.