Société

« L’Algérie et la France, ont beaucoup de choses à se dire et à partager »

Après trois ans à la tête de l’Institut français d’Algérie (IFA), Ahlem Gharbi boucle ses valises. À l’heure du bilan et au moment où l’Institut français d’Alger s’apprête à rouvrir ses portes au public, après 10 mois de travaux, la première responsable de cette structure revient sur les principaux axes culturels développés depuis son installation et souligne l’engouement du jeune public pour la langue française.

Ahlem Gharbi nous dévoile également, les nouveautés que le public s’apprête à découvrir dès la réouverture de l’antenne d’Alger de l’Institut français d’Algérie.

À la tête de l’Institut français d’Algérie depuis trois ans, quel bilan faites-vous de votre mission ?

Ces trois années ont été intenses et riches. À mon arrivée, avec mon équipe, on s’est posé la question suivante : « Qu’est-ce que notre public attend de nous aujourd’hui ? »

Ensemble, nous avons su nous réinventer et proposer de nouvelles offres aussi bien pour les adultes que pour le jeune public. Ce dernier a pu profiter de cours de français, de livres jeunesse, de films, d’ateliers dans un espace conçu spécialement pour eux, au sein de notre médiathèque.

Par ailleurs, l’Institut français d’Algérie a su jeter des passerelles entre les artistes algériens et français en proposant des scènes musicales qui ont rapproché les deux rives.

Le public qui fréquente l’Institut français est-il exclusivement francophone ?

La marque de fabrique de l’IFA, c’est l’ouverture. L’ouverture à tous les publics, jeune, moins jeune, francophone et arabophone.

Nous avons inclus dans notre programme le mois de la langue arabe, en décembre, et avons beaucoup communiqué en langue arabe.

Résultat : après trois ans, le jeune public arabophone est de plus en plus nombreux à franchir le seuil de notre structure pour écouter de la musique, participer aux ateliers, prendre des cours de français !

Comment la langue française évolue-t-elle en Algérie ?

La langue française fait partie de l’Algérie et notre institut propose évidemment des cours de français aux publics de toutes tranches d’âge.

Ce que je trouve formidable, c’est le côté plurilingue des Algériens. Ils s’expriment en arabe dialectale, arabe classique, amazigh, français, anglais, espagnol, italien et c’est toute la richesse de ce pays !

À l’IFA, nous proposons des cours de français aux jeunes algériens afin d’améliorer leur niveau et d’avoir une corde supplémentaire à leur arc.

Quel avenir pour la langue française dans un pays qui a mis le cap sur l’anglais ?

Je pense que la langue française fait partie de l’ADN algérienne. C’est une langue qui est enseignée à l’école en tant que langue étrangère.

Nous avons constaté que de nombreux parents inscrivent leurs enfants, dès l’âge de 4 ans, aux cours de français. Il y a une hausse des inscriptions de 40 % dans la tranche des 4-10 ans à l’Institut français d’Algérie.

Les méthodes d’apprentissage modernes et ludiques ont attiré un jeune public et nous nous en réjouissons.

L’Institut français d’Alger a fait peau neuve. Il rouvrira ses portes jeudi 29 août en musique avec le concert de Fayçal Belattar et Rimmel. Une exposition intitulée « Wasla : Marseille-Alger-Ghardaïa » est prévue samedi.

À quoi doit s’attendre le public qui attend impatiemment cette réouverture ?

À plein de belles surprises ! Les locaux ont été entièrement rajeunis et modernisés. La médiathèque a été complètement repensée pour qu’elle soit un espace de partage.

Bon nombre d’ateliers (lecture, contes, dessin, musique) s’y tiendront. Il y aura des bulles pour chaque catégorie d’âge. Les adolescents auront aussi leur espace (mangas, BD, jeux numériques…).

Un nouveau et riche fond documentaire ornera les rayons de la médiathèque dont les murs seront tapissés de fresques d’artistes algériens. La salle de spectacle a complètement été rénovée. Mais chut, je n’en dirai pas plus !

Vous avez passé trois ans en Algérie. Quel souvenir allez-vous garder ?

J’ai beaucoup apprécié la diversité de l’Algérie et sa richesse sur plusieurs plans : historique, patrimonial, culturel et linguistique. Mon plus grand coup de cœur restera la découverte du désert algérien. J’en suis tombée complètement amoureuse.

J’ai eu la chance de m’y rendre à six reprises : Djanet, Taghit, Tamanrasset… Un pur émerveillement et des souvenirs qui resteront gravés dans ma mémoire.

C’est le plaisir incommensurable d’avoir découvert un pays d’une telle richesse historique et culturelle. J’ai connu des personnalités formidables et des artistes de talent. J’espère avoir contribué à bâtir des passerelles entre nos deux pays, l’Algérie et la France, parce qu’on a beaucoup de choses à se dire et à partager.

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