L’Algérie et la France poursuivent leur rapprochement qui a été entamé en août dernier avec la visite « réussie » du président Emmanuel Macron.
Le chef d’état-major de l’ANP le général d’armée Said Chanegriha a achevé sa visite de quatre jours en France par une réunion avec son homologue français, le général d’armée Thierry Burkhard.
| Lire aussi : Algérie France : Tebboune à Paris en mai
Simultanément, l’Algérie et la France ont réalisé une nouvelle avancée dans le dossier mémoriel.
Le général d’armée Saïd Chanegriha a eu une intense activité dans la capitale française, où il a séjourné pendant quatre jours.
Il a été notamment reçu par le président français Emmanuel Macron, auquel il a remis un message du président de la République Abdelmadjid Tebboune, et par le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.
| Lire aussi : « C’est le moment pour les entreprises françaises d’investir en Algérie »
Saïd Chanegriha a aussi visité des écoles de formation de l’armée française. Les deux pays sont restés plus ou moins discrets sur le fond des discussions entre le chef de l’armée algérienne et ses homologues français, se contentant d’évoquer les aspects protocolaires.
Selon le MDN, les deux chefs d’état-major ont examiné lors de leur dernière rencontre, ce jeudi, « les perspectives et les voies permettant de consolider la coopération dans les deux domaines militaire et sécuritaire ».
La situation au Sahel et en Libye ainsi que la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine sont les dossiers classiques de la coopération sécuritaire entre la France et l’Algérie dont le rôle régional est reconnu par Paris et Washington.
Fin décembre, le président Tebboune s’était félicité de la coopération sécuritaire entre l’Algérie et la France au plus haut niveau qui a franchi “un grand pas”.
| Lire aussi : Algérie : ce qu’a dit la sous-secrétaire d’Etat américaine
La visite reste en tout cas historique à plus d’un titre. D’abord, il s’agit d’une première pour un chef d’état-major algérien depuis celle effectuée en 2006 par Ahmed-Gaid Salah.
| Lire aussi : Emmanuel Macron explique pourquoi il ne demandera pas pardon à l’Algérie
Ensuite, elle survient dans un contexte de réchauffement des relations entre les deux pays après une grave brouille. Il y a moins de 18 mois, Alger et Paris étaient au bord de la rupture à la suite des propos du président français sur l’Algérie, son histoire et ses dirigeants.
Mais les choses ont progressivement retrouvé leur cours normal. Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie en août dernier, une visite « très réussie » comme l’avait qualifié son homologue algérien, suivie en octobre de celle de sa Première ministre Elisabeth Borne accompagnée de 16 ministres.
Abdelmadjid Tebboune est aussi attendu à Paris en mai prochain. Les deux présidents, qui entretiennent des relations cordiales, se sont engagés à ouvrir « une nouvelle ère » et une « relation de confiance ».
Le rapprochement entre les deux capitales semble inexorable maintenant qu’il n’épargne même plus les domaines sensibles de la défense et de la sécurité.
Lors de la visite de Macron en Algérie, les plus hauts responsables sécuritaires des deux pays ont tenu une réunion à Alger, en présence des deux chefs d’état-major et des deux présidents. C’était une première depuis l’indépendance.
Le ministre français des Armées a parlé lui aussi de « rapprochement dans les domaines de la défense » avec cette visite de M. Chanegriha qui « s’inscrit dans le prolongement du déplacement d’Emmanuel Macron en Algérie ».
La France s’engage à restituer les archives de la période coloniale
Au dernier jour de la visite à Paris du général d’armée Saïd Chanegriha, Alger a annoncé un grand pas réalisé dans le dossier mémoriel.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la France s’est engagée à « accélérer le processus de restitution des archives et du traitement de la question des sites d’essais nucléaires qu’il convient de réhabiliter ».
Selon la même source, ce double engagement a été pris mercredi 25 janvier à l’issue des travaux de la 9e session des consultations politiques algéro-françaises. La réunion s’est tenue à Alger sous la présidence du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères Amar Belani et de son homologue française Anne Marie Descotes.
La session s’est tenue dans une atmosphère « chaleureuse empreinte de confiance et de franchise », et les deux parties ont abordé « l’ensemble des dimensions de la relation bilatérale en particulier la dimension humaine ».
L’accent a été mis particulièrement sur les questions relatives à la mémoire et à la circulation des personnes, qui constituent « de véritables marqueurs de cette relation », indique le communiqué.
Les deux parties sont convenues de traiter la question mémorielle dans le cadre d’une « lecture objective et de vérité », et ce « conformément au cap fixé par les chefs d’Etat des deux pays », ajoute la même source.
Les engagements pris par la partie française concourent à « appréhender l’avenir dans un climat d’apaisement et de respect mutuel », lit-on dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La réunion a été aussi l’occasion pour les deux délégations d’aborder plusieurs dossiers de l’actualité internationale, dont la situation au Sahara occidental, au Sahel et en Libye ainsi que le conflit russo-ukrainien.
Il a été par ailleurs, convenu de « poursuivre le dialogue et les échanges, ainsi que l’activation de l’ensemble des mécanismes de coopération institués par les autorités des deux pays », conclut le ministère des Affaires étrangères.