Une semaine après avoir acté leur réconciliation, la France et l’Algérie voient leurs relations se dégrader. La nouvelle crise entre Alger et Paris prend une tournure grave et inédite.
En effet, après l’arrestation vendredi d’un agent consulaire algérien en France, l’Algérie a riposté en décidant d’expulser 12 agents de l’ambassade de France à Alger. Ces derniers ont un délai de 48 heures pour quitter le pays.
L’information a été dévoilée ce lundi 14 avril par le média public France Info qui cite le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
“Cette décision serait une réponse à l’arrestation de trois ressortissants algériens soupçonnés de faits graves sur le territoire national français”, selon le chef de la diplomatie française.
Selon Le Figaro, les 12 agents de l’ambassade de France expulsés sont tous liés au ministère de l’Intérieur.
Jean-Noël Barrot a demandé aux autorités algériennes de « renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours ». A défaut, a-t-il mis en garde, Paris va répondre « immédiatement ».
« Si la décision de renvoyer nos agents est maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y répondre immédiatement”, avertit Jean-Noël Barrot. Ce qui ne ferait qu’aggraver la situation.
Paris menace d’expulser des agents de l’ambassade d’Algérie en France
Ces expulsions surviennent deux jours après l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France dans le cadre d’une enquête sur une tentative d’enlèvement présumé du youtubeur algérien Amir DZ.
Samedi, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, pour lui transmettre les vives protestations de l’Algérie suite à l’arrestation de son agent consulaire.
L’Algérie a exigé sa libération immédiate et a accusé sans le nommer le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de torpiller l’apaisement des relations entre les deux pays qui a été décidé le 31 mars par les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron.
Paris a répondu dimanche à la demande d’Alger de libérer l’agent consulaire, en mettant en avant le principe de l’indépendance de la justice en France.
Après 8 mois de crise inédite entre les deux pays, l’Algérie et la France avaient renoué avec le dialogue avec l’appel téléphonique entre Tebboune et Macron lundi 31 mars.
Les deux présidents ont même tracé une feuille de route en 10 points pour relancer les relations entre les deux pays et Emmanuel Macron a demandé à son homologue algérien un geste de clémence et d’humanité à l’égard de Boualem Sansal qui a été condamné le 27 mars par le tribunal de Dar el Beida (Alger) à 5 ans de prison ferme et 500.000 dinars d’amende. L’écrivain franco-algérien et le parquet ont fait appel.
Algérie – France : nouvelle crise diplomatique
Le 6 avril, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a effectué une visite en Algérie où il a été reçu par son homologue algérien Ahmed Attaf et le président Tebboune.
Il a annoncé la réactivation de toutes les coopérations entre les deux pays, mais l’arrestation vendredi d’un agent consulaire du Consulat d’Algérie à Créteil avec deux autres personnes, a replongé les relations franco-algériennes dans une nouvelle grave crise.
C’était en effet sans compter contre ceux qui poussent en France à la rupture entre Alger et Paris dans un contexte de montée en puissance de l’extrême droite.
« Ce tournant, malheureux et malvenu, prouve que certaines parties françaises ne sont pas animées de la même volonté de revitalisation des relations bilatérales », a déploré samedi la diplomatie algérienne.