L’Algérie connaît bel et bien une « deuxième vague » de la pandémie de Covid-19, estime le pneumologue Pr Salim Nafti, qui alerte sur le fait que le virus est devenu plus contaminant.
« Nous sommes actuellement dans une période assez difficile de la pandémie du coronavirus. Nous venons de dépasser les 500 cas diagnostiqués durant ces 24 dernières heures. On parle de rebond et de recrudescence… mais, je m’excuse, c’est une deuxième vague comme cela a été observé un peu partout dans le monde. Ce qui se passe ailleurs se passe aussi chez nous », affirme, catégorique, Pr Nafti dans une déclaration à TSA.
L’Algérie a franchi le cap des 500 nouveaux cas quotidiens hier mardi, avec 527 nouvelles infections recensées, ce qui porte le total à 20.212 cas confirmés depuis le début de l’épidémie.
Selon le Pr Nafti, cette deuxième vague est la conséquence du relâchement de la population suite au déconfinement partiel. « Il a fallu un petit déconfinement pour laisser les gens prendre les transports en commun et la réouverture des commerces » pour qu’il y ait une augmentation de la contagiosité, a-t-il regretté.
« De plus, ce virus est apparemment devenu plus contagieux. Aujourd’hui, on parle de super contaminants, c’est-à-dire des personnes qui contaminent 20 personnes dans les 24 à 48 heures, alors qu’avant ça ne dépassait pas 3 cas. Ceci explique le nombre effarant des cas dont il faudra bien sûr s’occuper », fait observer le pneumologue.
Application des mesures sanitaires : faire preuve de rigueur
Si Pr Salim Nafti salue les mesures prises par les autorités pour endiguer la pandémie, mais « pour qu’elles soient efficaces, ces mesures doivent être appliquées avec beaucoup plus de rigueur ».
Selon lui, la rigueur suppose de sanctionner « tous ceux qui ne respectent pas les consignes sanitaires pour casser la chaîne de transmission et la propagation du virus au sein de la population ».
« La rigueur s’impose par la force de la loi à tous les niveaux », juge Pr Nafti qui insiste fortement sur le port du masque ». Pr Nafti signale toutefois que certains masques vendus sur le marché ne répondent pas aux normes en plus de leur cherté.
« Il faudra que l’Etat et la société civile contribuent pour permettre à la population dans sa majorité d’être protégée. Sinon, nous irons encore une fois vers une nouvelle recrudescence et à ce moment-là ça va être le drame auquel nous ne pourrions pas faire face », prévient ce spécialiste des maladies respiratoires.
« On a fait payer un lourd tribut au corps médical »
L’ex-chef du service pneumo-phtisiologie du CHU Mustapha prévient que si les mesures barrières, en particulier le port du masque, ne sont pas respectées, les structures de santé vont être davantage dépassées.
« Nos confrères, qui sont déjà dans un état de burnout assez considérable, sont épuisés et n’ont pas pris de congé depuis plus de 3 mois. Il faut dire qu’on a fait payer un lourd tribut au corps médical durant cette pandémie, le nombre de médecins et de paramédicaux touchés est très élevé », signale Pr Nafti. « Je ne suis pas pessimiste et je ne noircis pas la situation, mais je dis que la situation est sérieuse », conclut-il.