Économie

L’Algérie importe à nouveau du maïs : voici 3 alternatives à l’importation

L’Algérie a lancé un appel d’offres pour l’achat d’une quantité pouvant atteindre 240.000 tonnes de maïs et aurait acheté un volume inconnu de ce produit maïs destiné à l’alimentation animale. Une quantité qui s’ajoute à celle similaire acquise fin octobre.

L’agence Reuters indique qu’il s’agirait « au moins deux lots totalisant environ 80 000 tonnes » et poursuit que l’appel d’offres concernait uniquement du maïs « provenant d’Argentine ou du Brésil, à expédier en novembre, en six lots maximum compris entre 30 000 et 40 000 tonnes chacun ».

Algérie : des importations annuelles de 4 millions de tonnes de maïs

Selon les chiffres officiels, les importations annuelles de l’Algérie sont de l’ordre de 4 millions de tonnes de maïs. Des grains essentiellement destinés au secteur de l’aviculture, mais en partie utilisés pour l’engraissement des veaux et des agneaux.

Le maïs est une culture qui se développe en Algérie, mais essentiellement sous la forme de maïs ensilage conditionné en balles enrubannées. Pour cela, des investisseurs se sont équipés en matériel spécialisé dont des ensileuses.

Ce type de production est jugé plus rentable que le maïs grain vendu par les investisseurs au sud à l’Office national de l’aliment de bétail (ONAB) à raison de 6.000 DA le quintal et qui a permis le développement de la production de lait. Autre avantage, les variétés de maïs ensilage présentent un court cycle, ce qui permet à de nombreux investisseurs de les cultiver après une première culture de blé.

Face au montant de la facture des importations de maïs, lors du conseil des ministres tenu le 15 juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé de : « replacer la culture du maïs en tant que priorité et d’en faire une tradition dans la culture agricole algérienne afin de réduire le budget de son importation » selon le communiqué cité par l’APS.

Vers 220.000 hectares de maïs dans le sud algérien

En Algérie, les investisseurs sont donc invités à s’orienter vers la production de maïs grain. A Menéa, région traditionnellement orientée vers la production de maïs ensilage, des investisseurs ont indiqué lors d’une récente émission de télévision que, suite aux récentes orientations ministérielles, ils étaient à la recherche de variétés de maïs grain à cycle court. Leur but étant de continuer de pratiquer deux cultures dans l’année : la première consacrée au blé et la suivante au maïs grain.

La culture de maïs grain a été déclarée comme culture stratégique en Algérie au même titre que celles du blé, des légumes secs et des oléagineux.

Selon Youcef Cherfa, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, un « plan prévoit la mise en valeur de plus d’un million d’hectares de terre dans les wilayas du sud à l’horizon 2028, dont 500.000 hectares destinés à la production des céréales et de l’orge, 220.000 hectares au maïs, et 20.000 hectares aux légumineuses ».

Afin d’assurer ce plan,  « une feuille de route multisectorielle a été élaborée », selon le compte-rendu fait par l’APS d’une réunion de coordination en présence « des ministres des Finances, Laaziz Faid, de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, des Travaux publics et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, de l’Hydraulique, Taha Derbal, et de la Poste et des Télécommunications, M. Karim Bibi Triki ».

À cette occasion, diverses mesures ont été prises au profit du développement des cultures stratégiques en Algérie, dont le maïs grain dans les wilayas du Sud, notamment en ce qui concerne « l’approvisionnement en énergie, l’ouverture de pistes et la fourniture des services de télécommunications », selon la même source.

Des alternatives partielles au maïs

Actuellement, dans les élevages avicoles, l’alimentation à base de maïs et de tourteaux de soja représente plus de 70% des coûts.

L’importance du maïs réside donc tant pour son côté économique que social. En effet, il permet la production de viande blanche particulièrement prisée par les ménages algériens à faible revenu.

Aussi, en mars 2023, les mesures d’exemption de la TVA pour l’aliment du bétail prises en mars 2021 ont été prolongées en y adjoignant des dispositions visant à assurer une meilleure traçabilité au niveau des différents opérateurs.

Par ailleurs à la mi-octobre, dans un communiqué conjoint, les ministères de l’Agriculture et du Commerce ont annoncé que : « Les avantages douaniers et fiscaux relatifs à l’importation des viandes rouges et blanches seront maintenus pour l’année 2025, en vue d’assurer l’approvisionnement régulier du marché et de protéger le pouvoir d’achat du citoyen ».

Une mesure qui s’inscrit dans l’approvisionnement du marché en prévision du mois de Ramadan 2025 selon le communiqué cité par l’APS.

Cependant, il existe au moins trois alternatives, même partielle, à l’utilisation du maïs pour nourrir les poules :

  • Les enquêtes menées par des universitaires algériens, dont le vétérinaire Alloui Nadir de l’université de Batna, montrent qu’une meilleure hygiène au niveau des poulaillers permettait un taux plus élevé de conversion de l’aliment et donc des économies de maïs non négligeables pour l’éleveur.
  • Les travaux de l’Institut technique de l’élevage (Itelv) de Baba Ali (Alger) montrent qu’il est même possible d’incorporer 20% d’orge en remplacement du maïs dans les rations destinées aux volailles.
  • Al El Oued, Ahmed Alllali, spécialiste en agronomie saharienne poursuit inlassablement un programme de vulgarisation du triticale.

Déjà en 2021, l’agence APS faisait état de cette expérimentation chez « 65 exploitants agricoles ayant adhéré à la démarche, soit 180 hectares répartis sur une vingtaine de communes de la wilaya d’El-Oued ».

Sur les réseaux sociaux, ce chercheur montre en date du 11 novembre dans la commune de Aramass (El Oued) une parcelle de triticale semée le 30 août, actuellement arrivée à épi et en cours de récolte sous forme de foin.

Dans les essais, les rendements obtenus atteignent 60 voire 80 quintaux. Questionné par le chercheur, un agriculteur indique récolter 400 à 500 bottes de foin.

Récolté sous forme de grains, le triticale convient à l’appareil digestif des monogastriques que sont les volailles. Aussi Ahmed Allali suggère que sa culture, en sec ou irrigué, pourrait venir en réduction du maïs dans les rations de ces animaux.

Une autre alternative partielle à la viande blanche et donc aux importations de maïs réside dans des substituts à base d’extraits de protéines végétales. Un domaine où start-up et grands groupes agro-alimentaires innovent partout dans le monde.

Il est à rappeler qu’à l’occasion du conseil des ministres de la mi-juillet, le président Abdelmadjid Tebboune à « enjoint au ministre de l’Agriculture d’ouvrir la voie à la nouvelle génération d’ingénieurs agronomes à travers les petites entreprises et les start-up, afin de réaliser une véritable révolution nous conduisant à l’autosuffisance ».

Lors de son investiture pour un second mandat présidentiel, le président Tebboune s’est engagé à assurer à l’Algérie l’autosuffisance en matière de blé dur, d’orge et de maïs à partir de 2025.

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