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L’Algérie racontée par le journaliste français Jean Daniel

L’Algérie racontée par le journaliste français Jean Daniel

Dans un entretien accordé il y a dix ans à France Culture – et remis en ligne ce vendredi 16 mars sur le site de la station publique – le journaliste Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur, confiait ses souvenirs d’enfance en Algérie, sa relation avec l’écrivain Albert Camus, et sa perception de la colonisation.

Cadet d’une famille de onze enfants de confession juive, Jean Daniel grandit à Blida en Algérie. Il raconte. Se souvient de ce père qui faisait régner une « silencieuse autorité » malgré leurs origines méditerranéennes.

« Ma mère ne vivait que dans l’attente de l’été », glisse le journaliste. « Pour mon père, il y avait quelque chose d’un peu distant, presque d’un peu vulgaire dans l’attitude vis-à-vis des gens qui se ruaient sur les plages. Il aimait la montagne, il aimait les Berbères qui sont différents des Arabes ».

Élève brillant, il part étudier à la Sorbonne, à Paris. Alors qu’il prépare l’agrégation de philosophie, il co-fonde une revue de « vulgarisation intellectuelle », explicitement marquée à gauche, intitulée « Caliban ». Dans la foulée, un certain Albert Camus -déjà célèbre- l’appelle. Lui suggère des textes. Les deux hommes se rencontrent chez Gallimard, la célèbre maison d’édition. « Lui (il) m’a totalement séduit. Et moi je ne lui ai pas déplu », confesse, non sans modestie, Jean Daniel, au micro de France Culture.

Puis la guerre d’Algérie arrive. 1954. Le rêve de devenir écrivain s’éclipse au profit de la nécessité de raconter les événements. C’est l’année où Jean Daniel, 34 ans, fait ses premières armes dans la profession de journaliste. C’est cette même guerre qui va séparer Camus de Daniel. Leurs visions diffèrent. Alors que Camus n’accepte pas qu’on puisse négocier avec le FLN, Jean Daniel, lui, le défend. Leur amitié ne survivra pas à leurs perceptions très différentes sur l’issue nécessaire au conflit. Les actes de violence au nom de la libération nationale finiront par les séparer définitivement.

Enfant et adolescent, Jean Daniel se rend compte des différences de traitement entre les Français installés en Algérie et les Algériens. « J’ai vécu l’Algérie comme humiliation de mes amis musulmans (…) je pensais qu’ils étaient incroyablement humiliés et que c’était inacceptable (…) mais tout ce dont ils rêvaient et que je rêvais pour eux c’est qu’ils deviennent des Français comme les autres. Ils étaient chez eux, étrangers dans leur propre pays ».

Avant la Guerre de libération nationale, explique le journaliste, il n’y avait « pas de questions à se poser sur la patrie ». « Né juif ? Israël n’existait pas donc il n’y avait pas de problème. Né Algérien ? L’Algérie était française ». Il faudra attendre le début du Mouvement de libération nationale pour que Jean Daniel conceptualise ce qui s’est déroulé pendant toutes ces années.

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