search-form-close
L’Algérie relance la production de l’huile la plus chère du monde

L’Algérie relance la production de l’huile la plus chère du monde

Huile d’argan Par : SARATSTOCK | Adobe Stock
Huile d’argan

Très prisée par l’industrie cosmétique, l’huile d’argan est l’une des huiles les plus chères au monde. En plus, l’arganier présente la particularité d’être un arbre adapté au climat aride. C’est ce qui explique le regain d’intérêt de l’Algérie pour cet arbre.

À l’initiative du président Abdelmadjid Tebboune, un programme national de développement de la filière de l’arganier a été lancé.

Arganier de Tindouf, de nouvelles pépinières

Le défi est énorme. Ces dernières années, la superficie occupée par l’arganeraie dans la région de Tindouf n’a cessé de se réduire. Déjà en 2012, co-auteur d’une monographie sur les arganiers algériens, Zahira Souidi de l’université de Mascara alertait : « sous l’effet conjugué des pâturages et des coupes excessives, [l’arganeraie] a vu son aire de répartition rétrécir de manière inexorable, jusqu’à ne former que des peuplements reliques ».

Situation aggravante l’arganeraie de Tindouf est située à la limite orientale de son aire de répartition. De ce fait, elle reste éloignée de l’influence bénéfique de l’air humide en provenance de l’océan atlantique.

Le programme de relance de l’arganier commence à porter ses fruits. Fin avril, à l’occasion d’une visite de travail, le directeur général des forêts, Djamel Touahria, a annoncé que les pépinières des services forestiers avaient produit 200.000 plants d’arganiers.

Cette visite a été également l’occasion d’annoncer des investissements significatifs ainsi que la réhabilitation de plusieurs pépinières locales.

Arganier de Tindouf : reboiser et protéger

Que ce soit en Algérie ou au Maroc, la régression des arganeraies est générale du fait des dégâts causés par les chèvres et camélidés ainsi que le ramassage des fruits pour la production d’huile.

Partout on observe une absence de resemis naturels. Les arbres âgés sont les plus nombreux car les jeunes arbres issus des semis naturels sont la proie des animaux d’élevage. Les seuls jeunes arbres présents sont trouvés au milieu de buissons d’épineux qui les protègent de la dent des animaux.

Les coupes de bois de chauffage sont également fréquentes. L’alternative réside dans la disponibilité en bouteilles de gaz ou en cuiseurs solaires comme cela a été testé dans quelques villages au Maroc.

Arganier de Tindouf en proie des animaux d’élevage

L’arganier possède des atouts qui pourraient permettre la relance des plantations. Tout d’abord, il y a son extraordinaire variabilité, les arbres sont très différents les uns des autres. Un caractère qui intéresse particulièrement les forestiers car il permet de choisir les sujets qui produisent le plus de fruits ou qui s’adaptent aux environnements les plus difficiles.

Depuis plusieurs années, on assiste à une multitude de travaux de recherche universitaire. L’arbre a été étudié sous toutes ses coutures. Et aujourd’hui il est possible de produire des jeunes plants à partir de graines, de boutures de tige, de racines ou même à partir de quelques cellules en laboratoire par technique in-vitro.

Pour Zahira Souidi et ses collègues, le choix des semences utilisées dans les pépinières est primordial. Ces spécialistes recommandent la création de « parc de clones » c’est-à-dire de plants adultes sélectionnés pour leurs qualités et aptes à fournir des semences.

Arganier de Tindouf, l’associer à des champignons

Les travaux des universitaires ont également permis de se rendre compte que l’arganier poussait mieux lorsque les racines de l’arbre étaient en contact avec des champignons du sol.

Aussi, aujourd’hui dans les pépinières, la terre des godets où sont élevés les jeunes plants contiennent des souches de champignons et permettent d’obtenir des plants mycorhizés à la croissance plus rapide.

Les travaux universitaires montrent tout le soin à accorder en pépinière à l’entretien des jeunes plants. Ceux-ci doivent comporter des rainures afin d’éviter les malformations « en chignons » des racines.

Comme les fruits d’arganiers renfermant plusieurs graines, elles donnent plusieurs plants à la germination aussi est-il recommandé au personnel des pépinières de procéder à un démariage afin de n’en laisser qu’un seul par pot.

Replanter les arganeraies passe donc par la disponibilité d’un réseau de pépinières disposant d’un personnel qualifié. Mais la réussite du plan national de relance de l’arganier passe également par les soins après plantation.

L’expérience acquise à Adrar montre l’importance du suivi des jeunes plants avec utilisation de manchons disposés autour des troncs des jeunes arbres afin de les protéger des animaux ou de « Water-Box », un mécanisme de récupération des pluies autour du jeune arbre.

Les travaux des universitaires algériens ont également permis de comprendre que la localisation préférentielle des arganiers dans la région de Tindouf correspond à une zone géographique particulière.

L’influence océanique et en particulier l’effet des courants froids des Canaries se fait sentir jusqu’à l’intérieur des terres à travers un air chargé d’humidité. En fin de nuit, la condensation de cet air humide au niveau des feuilles des arbres entraîne la formation de gouttes d’eau qui, une fois tombées au sol, sont captées par les racines les plus superficielles.

Progressivement l’arganier révèle ses extraordinaires facultés d’adaptation. À cela s’ajoutent les vertus de l’huile d’argan. Une huile que s’arrachent les grands laboratoires cosmétiques.

À ce titre, le plan national de relance de la filière est prometteur. Reste à réussir les opérations de plantations sur les d’immenses territoires. Aussi, afin de protéger les arganeraies, qu’elles soient composées de jeunes plants ou de plants adultes, les services forestiers s’efforcent d’associer les populations locales.

  • Les derniers articles

close