« Le projet Desertec, il faut l’oublier ». Droit dans ses bottes, le ministre de l’Énergie Abdelmadjid Attar annonce ainsi l’abandon définitif par l’Algérie du plus grand projet de production d’électricité verte au Monde. « Le projet Désertec est dépassé, il faut l’oublier », a tranché M. Attar, au cours d’un entretien à la Chaîne Une de la Radio nationale, ce lundi 31 août.
Le ministre de l’Énergie a justifié l’abandon du Desertec en parlant d’ « arrières pensées » de ses initiateurs européens. « En 2010, ce projet Désertec avait proposé à l’Algérie des investissements dans les énergies renouvelables, avec des arrières pensées », a expliqué le ministre, en ajoutant que le message était le suivant : « Faites-vous les énergies renouvelables en important les équipements et les techniques et donnez-nous du gaz ».
En plus, le projet Desertec « nécessite de gros investissements », a critiqué M. Attar, en soulignant que l’Algérie a adopté une nouvelle stratégie pour développer les énergies renouvelables, qui se base sur de petites centrales solaires et le rapprochement de l’énergie renouvelable du citoyen.
« Mon collègue de la transition énergétique (Chems Eddine Chitour, NDLR) va proposer au gouvernement un projet différent qui ne demande pas de gros investissements », a-t-il révélé.
L’implication de l’Algérie dans ce projet remonte à 2010. Il y a dix ans en effet, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, en visite en Allemagne, mettait l’Algérie de manière décisive sur la voie des énergies renouvelables à travers Desertec.
« Nous travaillerons dans les énergies nouvelles à travers un projet colossal qui s’appelle projet Desertec que nous allons approfondir d’un commun accord », avait déclaré M. Bouteflika à Berlin suite à sa rencontre avec la chancelière, Angela Merkel.
De retour à Alger, Bouteflika oublie le projet et son engagement à Berlin est resté sans suite. Depuis, l’Algérie n’a ni concrétisé le projet Desertec, ni développé les énergies renouvelables.
En 2019, dans le sillage des changements politiques provoqués par la révolution populaire du 22 février, le gouvernement a décidé de renouer avec le projet Désertec, qui représente sur le papier une opportunité pour permettre à l’Algérie de devenir l’un des plus importants fournisseurs d’énergie de l’Europe.
Le 18 juin dernier, l’ex-ministre de l’Énergie Mohamed Arkab faisait état de concertations en cours avec la partie en charge de l’initiative allemande “Desertec” pour le lancement des projets de centrales solaires. Il avait indiqué que le groupe Sonelgaz avait signé un mémorandum avec l’initiative “Desertec” pour élaborer une vision commune de coopération entre les deux parties.