La polémique autour du couplet de l’hymne national algérien Kassaman citant la France prend de l’ampleur. L’Algérie a réagi officiellement aux propos de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna qualifiant le rétablissement du couplet en question de décision « à contre temps ».
Par un décret signé en mai dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a étendu le champ d’exécution de la version intégrale de l’hymne national algérien « Kassaman ».
Cette version, limitée jusque-là aux cérémonies d’investiture du chef de l’État et aux congrès du FLN, devra être désormais exécutée à chaque cérémonie officielle qui voit la présence du président de la République.
Le décret précise en outre, contrairement à celui de 1986 qu’il vient modifier, que l’hymne national doit être exécuté, dans les circonstances citées, dans ses cinq couplets, y compris donc celui qui cite nommément la France.
Interrogée vendredi 16 juin par la chaîne LCI, Catherine Colonna a estimé que rétablir maintenant ce couplet qui a été composé dans d’autres circonstances, en l’occurrence pendant la guerre d’Algérie, est une décision « quelque peu à contre temps ».
Ces propos ont été accueillis en Algérie comme une immixtion dans une question relevant de la souveraineté nationale. Ils ont été notamment dénoncés par le diplomate Abdelaziz Rahabi, le parti Jil Jadid et le Front de libération nationale (FLN).
La première réaction officielle de l’Algérie est venue ce mardi 20 juin par la voix du ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf.
Kassaman : Attaf se dit « surpris » par les propos de Colonna
Se trouvant en visite en Italie, le chef de la diplomatie algérienne a accordé un entretien à l’agence Nova. Interrogé sur les propos de son homologue française, Attaf s’est dit « surpris » que Catherine Colonna se « soit permise d’émettre un avis sur l’hymne national algérien. »
Ahmed Attaf a ironisé que la cheffe de la diplomatie française pouvait aussi critiquer la « musique de l’hymne national, qui, peut-être, ne lui plait pas non plus. »
Plus sérieux, Ahmed Attaf a déploré que certains partis et personnalités en France trouvent qu’il « est facile d’utiliser le nom de l’Algérie à des fins politiques ».
Dans ce registre, il a cité les appels lancés récemment pour la révocation de l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration algérienne en France, affirmant « ne pas comprendre pourquoi tout ce tapage maintenant ».
Ahmed Attaf a insisté que « certains adoptent ce genre de positions pour saisir des opportunités politiques. »