Le gazoduc Maghreb – Europe, qui alimente l’Espagne et le Portugal via le Maroc à partir du gisement gazier géant algérien de Hassi R’mel, est la première victime collatérale de la rupture des relations entre Alger et Rabat.
Après plusieurs mois d’incertitudes sur le renouvellement du contrat de ce gazoduc, la sentence algérienne est tombée ce jeudi 26 août, deux jours après l’annonce par l’Algérie de sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc.
Comme l’a affirmé une source algérienne à TSA samedi 21 août, l’Algérie a décidé d’abandonner le GME, dont le contrat s’achève le 31 octobre prochain. Ce gazoduc permet au Maroc de pomper 900.000 m3 de gaz naturel par an en forme de droits de passage du pipeline.
La nouvelle a été annoncée ce jeudi par le ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab, à l’issue de l’audience qu’il a accordé à l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Moran, selon un communiqué de son ministère publié via l’agence officielle APS.
L’Algérie ne compte plus sur le GME pour approvisionner l’Espagne en gaz naturel.
M. Arkab a affirmé « l’engagement total de l’Algérie de couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz », selon le communiqué.
L’ambassadeur espagnol s’est rendu chez Arkab pour justement discuter de « l’approvisionnement en gaz naturel du marché espagnol à partir d’Algérie », souligne le communiqué.
L’Algérie a pris les devants
M. Arkab a rappelé « les efforts déployés par l’Algérie pour garantir la sécurité des approvisionnements en gaz naturel du marché espagnol à travers les importants investissements consentis pour acheminer dans les meilleures conditions le gaz naturel sur ce marché ».
En fait, face aux tentatives marocaines d’utiliser le gazoduc GME pour faire pression sur l’Algérie, afin de l’affaiblir économiquement, sachant le poids de l’exportation des hydrocarbures dans son économie, et aussi d’affaiblir sa position de fournisseur fiable du marché espagnol, le groupe Sonatrach a anticipé en renforçant les capacités du Medgaz qui relie directement l’Algérie à l’Espagne.
Pendant de longs mois, le Maroc a laissé planer le doute sur le renouvellement du contrat du GME qui traverse son territoire.
A l’ambassadeur d’Espagne, Arkab l’a bien souligné, en mettant en « exergue les récents projets initiés, à l’image du projet d’extension de la capacité du gazoduc Medgaz reliant directement l’Algérie à l’Espagne ».
Mieux, et pour rassurer son partenaire espagnol, Arkab a souligné la capacité de l’Algérie pour répondre à la demande en gaz « de plus en plus croissante » des marchés européens et plus particulièrement le marché espagnol et ce grâce à la flexibilité en termes de capacités de liquéfaction dont le pays dispose.