L’Algérie a définitivement tourné la page de l’adhésion au bloc des Brics, rapporte ce samedi 28 septembre le quotidien public El Moudjahid, citant une source gouvernementale.
“L’Algérie a définitivement tourné la page, même si elle est membre de la banque des Brics”, a confié “une source gouvernementale très au fait du dossier” à El Moudjahid.
La précision survient suite à une “information diffusée à dessein sur les réseaux sociaux” par “les milieux d’affaires” pour semer “l’idée que des pays membres des Brics auraient encore une fois sollicité l’Algérie pour rejoindre ce groupe”.
Or, “pour les autorités algériennes, le dossier de l’adhésion aux Brics est clos” et ce, pour des raisons “à la fois simples et logiques”.
Les Brics sont une alliance constituée en 2009 par cinq pays émergents, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
L’Algérie a demandé officiellement à y adhérer mais sa demande a été rejetée au cours du sommet de l’organisation tenu en Afrique du Sud en août 2023.
Six pays ont en revanche été admis au cours du même sommet, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, l’Arabie Saoudite, l’Argentine et l’Iran.
En août dernier, l’Algérie a été toutefois admise comme membre de la banque des Brics, la Nouvelle banque du développement (NBD), créée en 2015.
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait annoncé en juillet 2023 au cours d’une visite en Chine que l’Algérie avait officiellement demandé à devenir membre de la banque des Brics “en tant qu’actionnaire avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars”.
Cette admission avait été perçue par les observateurs comme un premier pas vers l’adhésion de l’Algérie aux Brics. Mais il n’en sera rien après cette précision algérienne exprimée à travers le quotidien gouvernemental.
Brics : l’Algérie pointe un membre du bloc et un modeste émirat du Golfe
“Absolument aucun argument plausible n’a été avancé pour justifier l’élimination de l’Algérie” dont le dossier “a été retiré à la dernière minute”, au cours du sommet d’août 2023, écrit El Moudjahid qui y voit “une incohérence flagrante, tant sur le fond que sur la forme”.
Censés remettre en question un ordre mondial établi représenté par le FMI et la Banque mondiale, les Brics ont adopté “une logique de sélection absurde”, et “une démarche restrictive”.
Le quotidien gouvernemental algérien s’interroge si cette “contradiction” n’affaiblit pas la crédibilité des Brics, sachant que “l’Algérie est de très loin mieux lotie que plusieurs pays admis à l’organisation”.
Et alors que le FMI et la Banque mondiale ont “salué les performances économiques de l’Algérie”, les Brics ont fait preuve de “cécité” et “ont choisi d’ignorer une telle prouesse”.
L’article d’El Moudjahid pointe du doigt, sans les nommer, deux pays qui ont été à l’origine du blocage de l’Algérie.
“La vérité est qu’un pays membre des Brics, obéissant à des intérêts mesquins bien loin de la rigueur économique, a mis son veto avec une insistance presque théâtrale”.
Ce pays a agi “sous les ordres d’un modeste émirat du Golfe, qui orchestre en coulisses une pression aussi sournoise que ‘stratégique’ sur le reste des membres, veillant à ce que l’Algérie soit éliminée”, accuse le média algérien.
L’exclusion de l’Algérie résulte donc “moins de critères économiques que de manœuvres politiques”, et l’intégration dans les Brics “repose sur des logiques bien éloignées de la seule excellence économique”.
Ces incohérences révéleront sans doute à terme, prévoit El Moudjahid, “les limites d’un bloc qui prétend remodeler l’ordre économique mondial, mais qui, en réalité, est lui-même prisonnier de ses propres calculs”.
L’Algérie critique le tournant pris par les Brics
“Fidèle à ses principes, l’Algérie ne pourra plus faire partie de cette organisation, la page est définitivement tournée”, sans toutefois renoncer à plaider pour la multipolarité dans les relations internationales.
L’Algérie continuera à “défendre ses choix avec ses alliés des Brics dans d’autres cadres, comme le Conseil de sécurité de l’ONU, le groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés”, conclut El Moudjahid.
Lors d’une rencontre avec des médias algériens début octobre 2023, le président Tebboune a dit que le dossier des BRICS était « définitivement clos » pour l’Algérie.