Économie

L’Algérie va importer plus de 800.000 tonnes de blé tendre

L’Algérie a lancé, via l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), un appel pour l’achat de plus de 800.000 tonnes de blé tendre.

Photo par Subbotina Anna / Adobe Stock

Cet appel intervient alors que la récolte de blé est en cours au Nord du pays et que celle au Sud s’est achevée sur de bons résultats. Une production locale qui ne couvre pas toutefois les besoins de l’Algérie en blé.

L’appel d’offres annoncé par les sites spécialisés européens concerne l’achat d’une quantité de blé tendre comprise entre 810.000 et 840.000 tonnes. Le prix d’achat du blé est fixé à 279 la tonne métrique, fret compris.

L’origine du blé n’est pas précisée, il pourrait venir en majorité de la région de la mer Noire et comporter du blé d’Ukraine, de Roumanie, de Bulgarie et de Russie, voire de France pour une petite partie.

Blé : quelle est la consommation de l’Algérie ?

Cet appel d’offre rappelle la dépendance du pays aux importations dans un contexte de récoltes impressionnantes de blé dans le Sahara algérien.

L’OAIC a, en effet, mobilisé des moyens logistiques conséquents pour la moisson de blé dans le désert algérien : engins de récolte et de manutention, camions de gros tonnage, points de collecte équipés de ponts bascule.

Des moyens largement diffusés par la Télévision Algérienne (ENTV) et qui ont suscité un vif intérêt de l’opinion publique et irrité le Maroc où la chaîne Medi 1 a accusé à tort l’ENTV d’utiliser l’IA pour générer les images de la campagne de moisson dans le Sud algérien.

La récolte au Sud devrait dépasser les 2 millions de quintaux de blé cette année. Dans l’attente d’un bilan officiel des récoltes encore en cours en Algérie, c’est plus de trois millions de tonnes qui sont attendus, selon un rapport du Département d’État américain de l’agriculture publié le 10 mai dernier, alors que les besoins de l’Algérie en blé s’élèvent à plus de 11 millions de tonnes.

L’Algérie devrait importer 8,5 millions de tonnes de blé en 2024 pour couvrir ses besoins en ce produit de large consommation qui est utilisé principalement dans la fabrication du pain, selon la même source.

L’Algérie s’attend à une récolte de plus de 3 millions de tonnes de blé en 2024, ce qui la place au premier rang des pays du Maghreb, devant le Maroc dont la production a lourdement chuté de 40 % à 2,5 millions de tonnes, et lui permet de se hisser en deuxième position en Afrique, après l’Égypte.

L’Algérie deuxième producteur de blé en Afrique en 2024

La production algérienne est composée essentiellement constituée de blé dur qui couvre une très grande partie des besoins locaux contrairement à celle de blé tendre.

Si la récolte devrait être importante à l’Est et au Centre, une partie des régions céréalières situées à l’Ouest ont été à nouveau touchées par le manque de pluie. Des orages de grêle ont parfois haché des champs prêts à être récoltés.

Une partie importante du blé produit dans le Sahara algérien n’est pas destinée à la consommation, mais à la production de semences. Une production bienvenue notamment dans les wilayas sinistrées.

Déjà à Bouira, la Coopérative de céréales et de légumes secs indiquait fin mai avoir commencé à recevoir les premières cargaisons de blé produit à El Menia sous pivot d’irrigation et avoir commencé les opérations de tri liées à la production de semences certifiées.

Bien que demandant des moyens importants, à travers cette production de semences, la culture du blé au Sud acquiert de nouvelles lettres de noblesse.

Techniques de culture en sec, une réserve de productivité

Dans le Nord de l’Algérie, contrairement aux quintaux récoltés au Sud sous pivot, il s’agit d’une céréaliculture non irriguée dite « pluviale ».

Certaines années, ce sont jusqu’à six millions de tonnes qui ont pu y être produits, selon les chiffres des services agricoles.

Si certaines parcelles bénéficient d’irrigation d’appoint, la plupart d’entre elles sont cultivées en sec. L’amélioration des rendements est possible et passe par la génétique et l’amélioration de « l’itinéraire technique ».

C’est dans ce cadre que l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) et certaines sociétés privées comme Axium proposent aux agriculteurs des variétés nouvelles plus productives.

Reste le volet de l’itinéraire technique avec notamment : le travail du sol et semis, le désherbage ainsi que la fertilisation et le maintien de la fertilité du sol.

Il s’agit d’aspects négligés tant au niveau de la recherche locale que des exploitations. Certaines d’entre elles, ne bénéficient que d’un simple semis à la volée sans aucun entretien, et ce, jusqu’à la récolte.

En Algérie, la céréaliculture reste une agriculture extractive. L’agriculteur prélève, le grain, mais également la paille et les chaumes pour l’élevage, au détriment du maintien de la fertilité du sol et de l’amélioration de sa capacité à retenir l’humidité du sol. Des réserves de productivité existent donc.

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