En moins d’une décennie, le bitcoin est passé du statut de « monnaie de geek » à un moyen de paiement en pleine expansion, de plus en plus surveillé par les États. Dans son projet de loi de Finances 2018, l’Algérie envisage d’ailleurs son interdiction, comme l’a signalé Maghreb Emergent.
« L’achat, la vente, l’utilisation et la détention de la monnaie dite virtuelle sont interdits. La monnaie virtuelle est celle utilisée par les internautes à travers le web. Elle est caractérisée par l’absence de support physique tel que les pièces, les billets, les paiements par chèques ou cartes bancaires », selon l’article 113 du PLF 2018 qui précise : « Toute infraction à cette disposition est punie conformément aux lois et règlements en vigueur ».
Créée en février 2009, cette monnaie virtuelle est attribuée à un informaticien nommé Satoshi Nakamo. Mais à ce jour, personne n’a pu déterminer si ce nom était un simple pseudonyme ou s’il faisait référence à un groupe d’informaticiens. Le terme « bitcoin » est quant à lui un dérivé de l’anglais : « bit » qui correspond à une unité de mesure informatique, et « coin » qui signifie « pièce de monnaie ».
Monnaie virtuelle sans intermédiaire
Cette crypto-monnaie s’échange sur la toile entre particuliers, sans avoir besoin d’intermédiaire bancaire, et de façon anonyme. Une base de données (que l’on nomme la « blockchain ») enregistre quasiment en temps réel toutes les transactions depuis la création du bitcoin.
L’originalité du système réside dans le fait que les utilisateurs de bitcoin administrent par eux-mêmes ce « registre des comptes ». Ils jouent donc le rôle de contrôleur et de régulateur. Cette base est, en outre, infalsifiable.
Il faut également noter que cette monnaie est limitée. Elle ne peut ainsi excéder les 21 millions d’unités prévues à sa création, ce qui lui confère une valeur comparable à l’or.
Portefeuille électronique
Pour se procurer des bitcoins, la première étape consiste à installer sur son ordinateur ou sur son téléphone « un portefeuille » électronique afin d’obtenir une adresse chiffrée et sécurisée permettant de recevoir, d’envoyer ou de stocker des bitcoins.
Ensuite, l’utilisateur a plusieurs options pour obtenir cette monnaie virtuelle. Il peut passer par des sites d’annonces de biens ou de services qui acceptent le paiement en bitcoins, ou se rendre directement sur des places de marché en ligne.
Défiance des institutions monétaires
Contrairement aux devises comme le dollar ou l’euro, la particularité du bitcoin réside dans le fait qu’il s’agit d’une monnaie totalement indépendante puisque aucun État ou Banque centrale ne jouent le rôle de régulateur. Le bitcoin ne souffre donc pas des décisions de politique monétaire, comme le recours à la planche à billets.
Dans un contexte de méfiance vis-à-vis des institutions depuis la crise financière de 2008, l’indépendance du bitcoin – son cours dépend d’une vaste communauté d’internautes- séduit de plus en plus d’utilisateurs puisqu’il permet de contourner les établissements bancaires.
Il est d’ailleurs devenu, dans certains pays, une alternative face aux monnaies officielles. En juin 2015, le scénario possible d’une sortie de la Grèce de la zone euro (et d’un retour à la monnaie nationale assortie d’une forte dévaluation) a ainsi provoqué une augmentation de 300% des échanges de bitcoin dans le pays. La même panique a gagné Chypre en 2013 quand la crise financière a laissé craindre un défaut de paiement. Bref, la perte de confiance dans les monnaies fiduciaires, comme le dollar ou l’euro, fait grimper le cours du bitcoin.
Cours très volatile
Alors que le bitcoin est une valeur refuge en temps de crise, on constate néanmoins que son cours est extrêmement volatile. Certes, la crypto-monnaie a atteint ces dernières heures son plus haut niveau historique, en franchissant le seuil des 6000 dollars. Mais elle ne valait que 900 dollars en février 2017.
Depuis sa création en 2009, ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le bitcoin fait des montagnes russes. En août 2015, il ne valait que 200 dollars contre 1000 en décembre 2013. Cette volatilité est d’ailleurs un argument régulièrement cité par les détracteurs de cette monnaie virtuelle.
Encadrement
Face à l’engouement pour le bitcoin, certains pays se montrent de plus en plus attentifs à l’évolution de cette crypto-monnaie. Si certains lui ont d’ores et déjà offert un cadre légal (comme le Japon) ou planchent sur le sujet, d’autres veulent réduire son champ d’action.
Le 10 octobre dernier, lors d’une conférence à Sotchi, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les crypto-monnaies présentaient « un risque » d’être entraînées dans « des activités criminelles », comme « le blanchiment d’argent », « l’évasion fiscale » et « le financement du terrorisme ». La Russie réfléchit sur une réglementation qui vise à déterminer le statut des technologies numériques utilisées dans la sphère financière.
En Chine, l’Association nationale de finance internet (NIFA), qui supervise avec le gouvernement ce secteur, a condamné début septembre les « dangers » des crypto-monnaies. « Il est bon de noter que les “monnaies virtuelles” sont de plus en plus l’instrument d’activités criminelles : blanchiment d’argent, trafic de drogues, contrebande et levées de fonds illégales », indique ainsi le texte de la NIFA. Depuis, le gouvernement a durci les conditions d’utilisation. Il faut dire que Pékin voit d’un très mauvais oeil les plateformes qui permettent de contourner le contrôle des sorties de capitaux hors de Chine.