Liamine Zeroual vient de jeter un énorme pavé dans la mare. L’ancien président de la République a confirmé, ce mardi 2 avril, avoir rencontré le général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik.
« J’ai reçu ce samedi 30 mars et à sa demande, le général de corps d’armée Mohamed Mediene qui m’a porté la proposition de présider une instance chargée de la conduite de la transition. Il m’a confirmé que cette proposition avait été faite en accord avec Saïd Bouteflika, conseiller à la présidence de la République », écrit Liamine Zeroual dans une déclaration.
Mohamd Mediene a donc agi à la demande de Said Bouteflika, frère et conseiller du chef de l’Etat. Cette révélation confirme au moins une chose : le frère de Bouteflika agit bien en dehors de tout cadre légal. Il a fait appel à un homme qui n’a plus aucune fonction officielle au sein de l’Etat pour lui confier une mission d’une haute importance : mettre en place une structure qui va succéder à Bouteflika et gérer la transition.
A quel titre Said Bouteflika a-t-il mandaté l’ancien chef du DRS ? Son poste en tant que conseiller du président ne lui confère pas de telles prérogatives. Cette révélation donne raison à tous ceux qui, de plus en plus nombreux, qui dénoncent les forces anticonstitutionnelles qui agissent au nom du président.
Elle donne également raison à l’état-major de l’ANP qui, samedi 30 mars, lors d’une réunion d’urgence, dénonçait un complot contre l’armée et contre le mouvement populaire.
Said Bouteflika et le général Mediene font partie de ceux que les Algériens, qui manifestent depuis le 22 février, ne veulent plus avoir joué un rôle dans la vie publique. Ils ont cherché à rester dans le jeu en utilisant la carte Zeroual.
Cette révélation confirme aussi des informations qui circulaient depuis quelques mois sur un retour en force du général Toufik via une alliance contre-nature avec Said Bouteflika. Les deux hommes qui se sont affrontés violemment en 2014 et en 2015 ont trouvé une raison de se réconcilier en 2019 : faire partir le général Gaid Salah.
Said Bouteflika pensait pouvoir compter sur la connaissance par Toufik des rouages du pouvoir et de l’armée. Toufik pensait avoir trouvé l’occasion de prendre sa revanche sur celui qui a facilité son limogeage en septembre 2015. Les deux hommes voulaient s’appuyer sur la supposée popularité de Liamine Zeroual. Ils étaient convaincus que ce dernier était facile à gérer.
Leur plan a été déjoué par l’armée. Samedi, le communiqué de l’état-major s’est montré menaçant à l’égard des participants à la réunion. Toufik et Zeroual se sont exprimés. L’opinion attend les explications de Said Bouteflika, de Toufik et de la présidence de la république.