Imperturbable, Ramtane Lamamra poursuit sa tournée européenne pour vendre le projet du pouvoir. Après Moscou hier, le vice-premier ministre et chef de la diplomatie algérienne est attendu ce mercredi à Berlin, en Allemagne. Demain, il devrait se rendre en Suisse, mais pour un autre dossier : participer aux négociations sur le Sahara occidental.
Ramtane Lamamra a sollicité une audience avec Angela Merkel mais, contrairement au président du Conseil italien qui a reçu le ministre algérien, la chancelière a décliné. Officiellement, c’est pour des raisons de calendrier – Merkel n’est pas disponible, ont répondu les Allemands. Notre vice-premier ministre se contentera d’un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, en présence du conseiller diplomatique de Merkel.
Devant la presse, les Allemands devraient adopter la même position que l’Union européenne : rappeler des généralités sur le processus politique et le respect de la liberté de manifester. L’Algérie est un partenaire important pour l’Allemagne. C’est le premier client de son industrie d’armement, avant l’Arabie saoudite. Les deux pays coopèrent également dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine. Le pouvoir algérien a accepté par exemple de rapatrier rapidement tous nos sans-papiers en Allemagne.
Mais dans les discussions avec Ramtane Lamamra, les responsables allemands vont certainement chercher à comprendre pourquoi le président Bouteflika veut se maintenir au pouvoir malgré l’opposition de la rue et son état de santé. Angela Merkel est la dernière responsable étrangère à avoir vu le président algérien en septembre dernier lors de sa visite à Alger. Ce jour-là, le chef de l’État algérien était à peine audible. Son interprète avait donné l’impression d’improviser des généralités.
Ramtane Lamamra arrive également en Allemagne au lendemain des déclarations fracassantes de Chihab Seddik sur les forces non constitutionnelles qui ont, selon le bras droit d’Ahmed Ouyahia, géré l’Algérie ces dernières années, avec les résultats qu’on sait.
"Il y a des forces qui sont gênées par les partis. Il s’agit de forces non structurées. Des forces non-constitutionnelles, non organisées, etc. Elles sont partout. L’Algérie a été dirigée par ces forces durant au moins ces cinq, six ou sept dernières années », a affirmé le bras droit d’Ouyahia mardi soir sur la chaîne El Bilad TV.
Dans ce contexte, pourquoi maintenir un président qui ne dirige plus le pays depuis son dernier mandat ? Une question que les Allemands vont sans doute poser à Lamamra.
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