Sang Jin Park est ambassadeur de Corée du sud en Algérie. Dans cet entretien, il revient sur la dernière polémique concernant l’usine Hyundai de Tiaret.
Hyundai automobile a récemment été au cœur d’une polémique à cause de son unité de Tiaret. Comment réagissez-vous à cette polémique ?
J’ai été surpris en lisant les articles parus dans la presse algérienne sur cette affaire. Après, il y a eu des articles qui ont démenti ce qui a été dit et écrit. Je ne connais pas les raisons qui ont amené les journalistes à publier de telles informations. Mais, une chose est sûre : Hyundai automobile est en contact permanent avec le partenaire algérien, en l’occurrence M. Tahkout.
Elle agit dans le respect total de la réglementation algérienne et du cahier des charges. Tout est dans la normalité des choses. Il faut noter que Hyundai automobile est à la phase initiale d’investissements en Algérie. L’usine d’assemblage de Hyundai à Tiaret n’est que le premier pas. Dans les trois ou quatre années prochaines, Hyundai considérera l’évolution de l’environnement économique et le climat des affaires en Algérie. Cela pourrait amener cette compagnie à engager des investissements directs en Algérie. Tout ira étape par étape.
Les sociétés coréennes estiment que le marché algérien a un grand potentiel. Elles souhaitent donc renforcer leurs activités en Algérie à travers une coopération mutuelle.
Quel est en volume l’investissement sud-coréen en Algérie ?
Le volume de l’investissement sud-coréen en Algérie ne répond pas réellement à nos attentes. Mais, il y a 1 000 hommes d’affaires sud-coréens qui évoluent en Algérie à travers une trentaine de sociétés sud coréennes. Ils sont impliqués dans de gros projets commencés par le gouvernement algérien.
À cet effet, ils transfèrent la technologie et le savoir-faire coréen et contribuent aussi à la formation des experts et des travailleurs algériens. Il faut noter aussi que les relations entre l’Algérie et la Corée du sud en matière d’investissements sont récentes. L’Histoire des relations bilatérales n’est pas longue comparée à d’autres pays (les relations diplomatiques entre l’Algérie et la Corée du Sud ont été établies dans les années 1980, NDLR). Il faut prendre en considération l’éloignement des deux pays.
Les sociétés sud coréennes sont intéressées par l’investissement mais avec l’existence d’un climat d’affaires plus propice et plus favorable. LG Electronics, Samsung Electronisc, Hyundai Automobile sont déjà là et travaillent avec des partenaires algériens dans des usines d’assemblage.
Hyundai Engineering travaille en partenariat avec Sonelgaz pour lancer une joint-venture Hyunco avec un montant d’investissement de trois millions de dollars. Le projet est en cours de négociations.
Justement, comment évaluez-vous le climat des affaires en Algérie ?
Il y a de l’encouragement accordé aux entreprises étrangères et des exonérations fiscales. Le problème du foncier industriel va être réglé bientôt avec l’utilisation libre des terrains pour tout acte d’investissement. Mais, les décisions finales d’investissements se font au niveau des sociétés coréennes, pas au niveau du gouvernement. Cela se passe donc au niveau du privé.
Les sociétés coréennes ont des critères selon lesquels elles décident d’investir ou pas. Aussi, certains facteurs constituent-ils une entrave pour investir en Algérie.
Je peux citer la règle 41/59 qui est un obstacle majeur pour une présence plus grande des sociétés coréennes en Algérie. Ces sociétés sont des multinationales qui investissent en Europe, aux États-Unis, en Chine et dans les pays limitrophes de la Corée du sud.
Est-ce qu’il y a des projets en négociation actuellement avec l’Algérie ?
Nous terminons les négociations sur le grand projet algéro-coréen pour le lancement du Centre africain des télécommunications et des technologies avancées en Algérie. Nous avons abouti à un accord-cadre. Ce projet est en attente depuis dix ans. Il reste quelques détails à revoir entre les deux parties qui concernent principalement le fonctionnement du centre, la question du management et les apports financiers. C’est le premier projet réel et concret entre les deux pays au niveau gouvernemental.
Au niveau privé, il y a des négociations pour des projets communs dans les domaines de la pétrochimie et de l’automobile. Je souligne la grande contribution de la Koica, l’Agence coréenne pour la coopération internationale, pour le transfert de l’expertise et de la technologie vers l’Algérie dans les secteurs de l’aquaculture et de l’agriculture. Des fermes de l’élevage de crevettes ont été lancées. Nous avons une coopération technique pour la semence de pommes de terre.
Nous préparons actuellement un master plan, à long terme, dans le domaine de l’industrie de la pêche et de l’aquaculture. Annuellement, la Koica invite en Corée du Sud environ 100 fonctionnaires algériens pour un échange d’expertise et de savoir faire. Elle offre aussi chaque année à une douzaine d’étudiants une bourse d’études en Corée du sud. Tout cela, pour vous dire que la coopération entre nos deux pays évolue, se diversifie et se renforce davantage.