L’appel du Général Ahmed Gaid Salah à appliquer l’article 102 de la Constitution pourrait avoir eu un impact sur le marché du gaz en Europe, les prix ayant légèrement augmenté mardi en fin de journée, selon le cabinet S&P Global Platts.
L’Algérie est un fournisseur important de gaz pour le Sud de l’Europe, rappelle le cabinet d’analyse spécialisé dans l’énergie et les commodités. Le pays a fourni environ 33 Bcm (milliards de mètres cube) de gaz à l’Europe par gazoduc l’année dernière. Il a livré environ 15 Bcm de gaz naturel liquéfié, majoritairement à des pays européens, indique S&P Global Platts. Le cabinet d’analyse estime donc que des perturbations au niveau des livraisons « seraientt vraiment inquiétantes pour le marché européen ».
L’appel du général Ahmed Gaid Salah à appliquer l’article 102 de la Constitution, qui pourrait entraîner la démission du président pourrait avoir contribué à une légère hausse des prix du gaz sur le marché européen mardi en fin de journée selon les traders, explique S&P Global Platts. D’autres traders se sont tourné vers d’autres facteurs pour expliquer cette légère hausse, ajoute la même source.
Dans son analyse de la situation en Algérie, S&P Global Platts estime que le pays reste « paralysé politiquement » et que si l’appel du Général Ahmed Gaid Salah peut contribuer à l’arrivée d’une nouvelle ère pour la politique en Algérie, « l’incertitude » devrait demeurer alors que le pays entre en « territoire inconnu ».
« La situation politique qui évolue en Algérie pourrait bien influencer le sentiment de marché et les variations de prix dans les hubs européens au cours des prochaines semaines puisque le pays fournit environ 10% de la demande totale en gaz de l’Union européenne », estime Greg Molnar, analyste du marché du gaz chez International Energy Agency.
Certains traders ont plutôt minimisé l’impact de la situation en Algérie, mais la nouvelle a tout de même monopolisé l’attention des acteurs du marché, selon S&P Global Platts. « Il est possible que l’Algérie ait été le déclencheur [de la hausse des prix] mais la nouvelle devrait créer une tendance à la baisse puisque les gens veulent que Bouteflika se retire – L’armée est maintenant du côté du peuple donc tout va bien », estime un trader de gaz hollandais.
Un autre trader, basé au Royaume-Uni, a eu la même réaction : « Ce n’est pas comme s’il allait y avoir une guerre civile », a-t-il expliqué. « En fait, c’est le contraire. Les gens veulent que Bouteflika parte. Si l’armée veut également qu’il parte, qui s’opposera à qui ? », a-t-il ajouté.
Les exportations de gaz de l’Algérie par gazoduc vers le Sud de l’Europe ont chuté à 34 millions m3/j en moyenne depuis début mars, en raison d’une demande européenne faible et des accords contractuels entre Sonatrach et ses clients du Sud de l’Europe, affirme S&P Global Platts.
Le vice-président des activités de commercialisation de Sonatrach, Ahmed El-Hachemi Mazighi, a indiqué cette semaine que les clients européens (par gazoduc) de la société nationale avaient réduit, de façon « significative », leurs commandes mensuelles, hebdomadaires et journalières de gaz jusqu’ici cette année, en raison du climat doux qui a réduit la demande.
Les revenus d’exportation de pétrole et de gaz de l’Algérie ont baissé de 7,5% en janvier et février 2019 par rapport aux mêmes mois en 2018, passant de 6,6 à 6,1 milliards de dollars, selon &P Global Platts. Durant les deux premiers mois de cette année, le volume des exportations de gaz par gazoduc a chuté de 23% par rapport à la même période l’année passée, en raison de la baisse de la demande des clients européens, a expliqué Ahmed El-Hachemi Mazighi.