Les théâtres régionaux, qui relèvent de l’État, vont bientôt changer d’appellation à la faveur d’un nouveau texte de loi en préparation au ministère de la Culture. « L’appellation “Théâtre régional” sera supprimée pour adopter celle du théâtre de la ville. La notion de “Théâtre régional” n’a plus aucun sens aujourd’hui Nous devons abandonner certains outils de gestion qui sont dépassés. Le concept de service public au sein des théâtres doit aussi changer. Nous devons donner un nouveau souffle au théâtre algérien en faisant participer tout le monde », a déclaré, samedi 23 décembre soir, Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, lors de la cérémonie d’ouverture du 12e Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger.
M. Mihoubi a annoncé que de nouveaux théâtres sont en construction actuellement à Laghouat, Ain Defla, Naâma et Jijel alors que d’autres commencent à peine leurs activités comme ceux de Djelfa (qui participe pour la première fois au FNTP 2017), de Biskra et de Mostaganem.
Actuellement, l’Algérie est dotée d’une vingtaine de théâtres régionaux, seule la région du Sud en est encore dépourvue. Mihoubi a plaidé pour plus de réformes dans le secteur du théâtre notamment en matière de financement et de distribution des pièces. « Il faut en finir avec trois ou quatre représentations pour une pièce de théâtre qui peut coûter cher. Il faut mettre en place de nouveaux instruments pour améliorer la circulation des pièces au niveau national. La pièce théâtrale réussie est celle qui dure sur les planches. En ce sens, je salue le retour de la pièce “Babor Ghraq” de Slimane Benaissa avec Mustapha Ayad et Omar Guendouz. Une génération entière n’a pas vu cette pièce produite dans les années 1980. Tant mieux qu’elle revienne sur scène », a-t-il souligné.
Un texte est en préparation aussi pour doter les coopératives indépendantes de théâtre d’un statut particulier. Le texte en vigueur, devenu obsolète, est inspiré du modèle socialiste des coopératives agricoles des années 1970.
Mettre en valeur les textes littéraires algériens
« Le FNTP est désormais consacré comme un événement culturel annuel dans le pays. Nous devons le conserver quelle que soit la situation financière », a-t-il promis. Le budget du FNTP, qui durera jusqu’au 31 décembre, a été réduit de plus de 60% ces deux dernières années en raison des nouvelles restrictions introduites par le gouvernement.
« 2017 a été l’année du théâtre par excellence avec la manifestation “Mostaganem, capitale du théâtre” qui va se poursuivre encore trois mois. Nous voulons installer de nouvelles traditions dans les villes qui produisent l’acte culturel, par exemple le patrimoine, le cinéma, la littérature, le théâtre… Il faut que tous les acteurs soient impliqués entre artistes, journalistes, critiques, universitaires, chercheurs… », a-t-il plaidé.
Le ministre a salué les troupes théâtrales algériennes qui ont décroché cette année des prix dans plusieurs festivals en Égypte, en Jordanie, en Tunisie et ailleurs. Il a appelé à faire plus d’adaptation des textes littéraires algériens au théâtre. « Nous voulons proposer une expérience théâtrale algérienne à l’état pur. Il y a de l’excès dans l’adaptation de textes dits universels. Si nous, nous ne présentons pas du théâtre algérien, personne ne le fera à notre place », a-t-il dit.
Citant l’exemple du prix Assia Djebbar du meilleur roman (attribué jeudi 21 décembre à Alger à Noureddine Saadi, Marzac Bagtache et Mustapha Zaârouri), il a précisé que 70 romans étaient en course. « Nous ne pouvons donc pas tirer quelques pièces de tous ces textes ? Lisez et vous trouverez des textes qui peuvent être adaptés aux planches. Le théâtre doit être en contact direct avec le monde de la littérature pour puiser les textes qui conviennent », a-t-il conseillé.