L’Arabie saoudite a suspendu ses programmes de bourses universitaires pour ses ressortissants au Canada et va relocaliser des milliers d’étudiants déjà sur place, a indiqué lundi la télévision étatique, sur fond de vives tensions diplomatiques entre les deux pays.
Lundi, Ryad a décidé d’expulser l’ambassadeur du Canada et gelé toute nouvelle transaction commerciale avec Ottawa, en dénonçant les critiques canadiennes contre les arrestations de militants des droits de l’Homme dans le royaume.
Après cette décision, l’Arabie saoudite a annoncé également qu’elle allait « interrompre les programmes de stages et de bourses au Canada », selon la télévision El-Ekhbariya.
Plus de 7.000 étudiants et leurs familles se trouvent actuellement au Canada et les autorités planchent déjà sur leur transfert vers d’autres pays, a précisé à la télévision un responsable du ministère de l’Education, Jassem al-Harbach.
« Les Etats-Unis et le Royaume-Uni auront la part du lion, étant donné les opportunités d’éducation dans ces deux pays, et nous avons commencé à coordonner avec les missions là-bas », a ajouté M. Harbach, directeur du département des bourses au sein du ministère.
L’Irlande, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon et Singapour sont également des destinations envisagées, a-t-il précisé, alors que les milliers d’étudiants sont accompagnés par plus de 5.000 personnes également à la charge des autorités.
Les tensions entre le Canada et l’Arabie saoudite ont éclaté après des déclarations sur Twitter de l’ambassade canadienne qui s’est dite vendredi « gravement préoccupée » par une nouvelle vague d’arrestations de militants des droits de l’homme dans le royaume.
Parmi les militants arrêtés figurent la soeur d’un blogueur, lui-même emprisonné depuis 2012, Raef Badaoui. L’épouse de M. Badaoui est installée au Québec depuis 2013 avec ses trois enfants.
L’Arabie saoudite a par ailleurs rappelé son ambassadeur au Canada « pour consultations », assurant qu’elle « n’accepterait d’aucun pays une ingérence dans ses affaires intérieures ou des diktats ».
Le Canada s’est dit « sérieusement inquiet » de l’expulsion de son ambassadeur, précisant qu’il cherchait « à en savoir plus ».