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L’Arabie saoudite vise un budget toujours moins dépendant du pétrole

L’Arabie saoudite vise un budget toujours moins dépendant du pétrole

L’Arabie saoudite, dont le budget a reposé pendant des décennies sur l’or noir, veut continuer à limiter cette dépendance en faisant passer la part du pétrole dans ses recettes globales sous la barre des 50%. En annonçant mardi le budget 2018, le roi Salmane a souligné que le royaume continuerait à « réduire sa dépendance au pétrole à 50% » de ses revenus.

Alors qu’en 2014, l’or noir contribuait à hauteur de 90% aux revenus de l’Arabie saoudite, il en représente aujourd’hui moins des deux tiers et l’objectif du royaume, selon le ministère des Finances, est même d’atteindre 42% d’ici 2023. Le premier exportateur de pétrole au monde a été durement touché par la chute des prix du baril à partir de 2014.

Et la plus grande économie arabe a ainsi dû s’engager dans un effort de diversification de son économie, incarné par le plan Vison 2030 présenté en 2016 par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ce plan de réformes prévoit notamment l’introduction en Bourse de 5% du géant pétrolier d’Etat Aramco, en 2018, et la création d’un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars (1.912 milliards d’euros), le plus important du monde.

Les autorités se sont par ailleurs engagées dans une politique d’austérité dans un pays connu pour sa politique de l’Etat providence, comme la réduction des subventions aux carburants et à l’énergie. Une des conséquences de cette politique a notamment été une contraction du PIB en 2017, la première depuis 2009.

Politique de relance

Le budget 2018 comprend des mesures pour faire augmenter les recettes non pétrolières, notamment l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5%.

Le centre de réflexion saoudien Arqaam Capital a estimé que Ryad allait engranger 23 mds de dollars (environ 19 mds EUR) en 2018 grâce à cette TVA et aux taxes sur les biens et les services.

Le royaume a dans le même temps planifié pour l’an prochain une politique de relance volontariste avec les dépenses les plus élevées de son histoire, une mesure visant à stimuler l’économie après la contraction de cette année.

Ryad prévoit ainsi une augmentation des dépenses de 10% par rapport à 2017, à 260 mds de dollars (environ 218 mds EUR), et un déficit à 52 mds de dollars (environ 44 mds EUR).

« Je pense que ce budget (…) offre la solution que nous attendons depuis des années », a estimé Ihsan Bu-Hulaiqa, directeur de Juana Economic Consultants, basé à Ryad.

Selon lui, les dépenses liées au développement étaient par le passé directement liées aux recettes pétrolières.

Or le nouveau budget « protège les dépenses en matière de développement et la croissance économique des fluctuations des prix du pétrole, a-t-il indiqué à l’AFP.

Diversification économique

Pour la société saoudienne Jadwa Investment, le budget 2018 « continue de soutenir les objectifs principaux de Vision 2030, avec une attention particulière sur la diversification économique ».

Cet organisme indique que les dépenses d’investissement sur les projets et les infrastructures, selon le budget 2018 et d’autres sources, sont estimées à 90 mds de dollars (environ 76 mds EUR), soit une part non négligeable des dépenses.

« Cela montre de nouveau l’insistance du gouvernement à vouloir soutenir la croissance dans le secteur privé », d’après cet organisme.

La semaine dernière, le roi Salmane a annoncé la création d’un fonds de 19 milliards de dollars (16,2 mds EUR) en soutien au secteur privé.

« Ce budget nous a fait sortir du cercle vicieux des prix du pétrole qui montent et descendent », selon Jadwa Investment.

M.R. Raghu, directeur de recherche au Kuwait Financial Center, estime de son côté que les objectifs fixés peuvent être atteints « à condition que les mesures de réforme se poursuivent à un rythme soutenu ».

« Il est nécessaire que l’Arabie saoudite restructure et diversifie sa base économique (…) mais à un rythme solide pour réduire sa dépendance excessive aux revenus pétroliers », indique-t-il.

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