« Une rencontre pour la paix » a été organisée, ce dimanche 11 novembre, par l’ambassade de France, au lycée international Alexandre Dumas, à Ben Aknoun, à Alger pour célébrer le centenaire de l’armistice de 1918.
Des dizaines d’ambassadeurs et de représentants d’ambassades ainsi que deux responsables du ministère algérien des Affaires étrangères ont assisté à la cérémonie.
« Il y a 100 ans, le 11 novembre 1918, à bord d’un train stationné près de la ville de Rethondes, en France, les Alliés et l’Allemagne signèrent l’Armistice. Elle marqua la fin des combats meurtriers qui frappaient l’Europe depuis 4 ans. Suivie, peu de temps après, par la cessation des combats sur tous les autres continents, ce jour marqua symboliquement la fin de la Première Guerre mondiale, terrible période de l’Histoire qui coûta la vie à 18 millions de personnes, dont 8 millions de civils », a rappelé Xavier Driencourt, ambassadeur de France, dans une allocution faite en présence d’élèves du lycée et école primaire Alexandre Dumas ainsi que des écoles italienne et russe à Alger.
Il est, selon lui, plus facile de parler de la guerre que de la paix.
« La paix se construit grâce à la solidarité face aux épreuves, à l’ouverture sur le monde, à la culture, à la mixité sociale, à la prospérité économique. Il s’agit d’un travail permanent », a-t-il souligné.
La paix est, d’après le diplomate, souvent menacée. « Aujourd’hui encore, des conflits majeurs nous ébranlent : je pense à la Syrie, à l’Irak, au Yémen, à la Libye, au Sahel, au Congo, au Soudan du Sud, à la Centrafrique, à l’Afghanistan, à la Birmanie, et à tant d’autres encore », a-t-il noté.
« La paix des braves »
Xavier Driencourt a évoqué l’engagement de l’Algérie pour la paix, « qu’elle a notamment démontré dans le rôle majeur de médiateur qu’elle a joué dans de nombreux conflits et négociations difficiles, de l’Iran à l’Érythrée en passant par le Mali. Il a rappelé que l’ONU a institué le 16 mai, journée internationale du « Vivre ensemble », grâce à une proposition de l’Algérie.
La parole a été donnée ensuite à des ambassadeurs de plusieurs pays africains, européens et asiatiques pour faire des « déclarations de paix », sous forme d’extraits de poèmes ou de textes en leurs langues d’origine.
Le représentant de l’ambassade de Palestine a rappelé que Yasser Arafat, président de l’OLP, était un homme de paix et de guerre (Prix Nobel de la paix en 1994), mais que les Palestiniens attendent toujours la paix et que « la légalité internationale applique ses décisions ».
« Arafat disait, la paix des braves. Oui, mais jusqu’à quand le peuple palestinien continuera-t-il à saigner à blanc ? Y aura-t-il un espoir et une stabilité dans la région sans que le peuple palestinien vive sur sa terre et dans son pays ? », s’est-il interrogé.
« Nous avons célébré aujourd’hui la paix dans une partie du monde. Nous souhaitons que la prochaine fois, nous fêterons la paix en Libye, en Syrie, au Yémen et au Proche-Orient », a estimé un représentant de l’ambassade de Tunisie.
Sentiment de culpabilité en Allemagne
Ulrike Knotz, ambassadeur d’Allemagne à Alger, a été la dernière à prendre la parole.
« Aujourd’hui, la Première guerre mondiale est l’affaire des historiens. Pour l’Allemagne, c’était un bouleversement politique. C’était la naissance de la première République allemande. Mais, c’était également non loin de la descente aux enfers, avec le nazisme des années 1930. En Allemagne, la Première et la Deuxième guerres mondiales sont perçues comme un tout. La période de paix fut courte entre les deux conflits », a déclaré aux journalistes Ulrike Knotz.
Elle a reconnu l’existence d’un sentiment de culpabilité en Allemagne en raison de l’implication de son pays dans les deux conflits.
« Dans les années 1950 et 1960, nous avons engagé une politique de réparation et d’excuses aux victimes. Cette politique se poursuit toujours. L’Allemagne a reconnu sa responsabilité dans le déclenchement de la Deuxième guerre mondiale. C’est important lorsqu’on veut aller vers l’avenir de regarder le passé avec sincérité, avouer ce qui doit l’être », a souligné Ulrike Knotz.
Des Algériens sur les fronts européens
« Ici, en Algérie, il y a eu une longue guerre d’indépendance avec des morts du côté français et algérien. C’est important de célébrer ici l’Armistice. Ce matin, au cimetière de Bouloghine, j’ai tenu, après avoir lu le message du président de la République, à évoquer les morts algériens pour la France pendant toutes les guerres, pas uniquement de la Première guerre mondiale », a précisé Xavier Driencourt, dans une brève déclaration à la presse.
Des milliers d’Algériens ont été mobilisés pour les fronts européens durant la Première guerre mondiale après l’instauration d’un service militaire obligatoire par l’administration coloniale française (en février 1912).
Selon l’historien français Gilbert Meynier, 175.000 algériens ont pris part à la guerre 1914-1918, certains furent envoyés dans des usines de fabrication de matériel militaire.
L’identité et le nombre des morts et des disparus algériens demeurent toujours imprécis, voire peu connus.