L’autoroute Est-Ouest continue de se dégrader dans l’indifférence générale. Après avoir coûté une fortune pour sa réalisation, cette infrastructure est devenue un gouffre financier pour l’Etat en raison de son entretien onéreux.
Sur le tronçon Sétif-Alger, par exemple, les dégradations de la chaussée sont nombreuses, ce qui impacte considérablement la fluidité de la circulation et le confort des usagers alors que l’Etat projette de la rendre payante probablement dès l’année prochaine, avec l’entrée en service des stations de péage.
La voie de droite, réservée aux poids lourds, est quasiment impraticable en raison de la forte dégradation de la chaussée, qui présente de fortes ondulations, notamment sur des sections où les normes de construction n’ont pas été respectées.
Du coup, les camions, à l’origine de cette dégradation à cause des surcharges, évitent d’emprunter cette voie et se rabattent sur la voie médiane, ce qui cantonne les voitures de tourisme dans la voie de gauche de l’autoroute, qui est normalement réservée aux dépassements et à ceux qui roulent plus vite que les autres. Résultat : dans les faits, l’autoroute ne compte plus trois voies, mais seulement deux qui sont praticables.
En évitant de circuler sur la voie qui leur est réservée, les camions nombreux et souvent surchargés, dégradent automatiquement la deuxième voie, et quand ils effectuent des dépassements, ils roulent sur la voie de gauche, ralentissent systématiquement la circulation automobile et provoquent des bouchons, en plus du danger qu’ils représentent pour les petites voitures.
Les opérations de replâtrage superficielles de la chausse ne servent à rien puisque les autorités ne veulent pas s’attaquer aux vrais problèmes. Les promesses du gouvernement, qui datent de 2010, d’installer des stations de pesage pour contrôler le poids des camions n’ont pas été tenues. S’il a compris que la surcharge des poids est la cause principale de la dégradation de l’autoroute, le gouvernement assiste impuissant à la détérioration d’une infrastructure stratégique qui a coûté au Trésor public près de 20 milliards de dollars.
L’inaction des autoroutes a un coût pour le Trésor public. Si l’autoroute continue de se dégrader de cette façon, les frais de son entretien vont encore exploser, d’autant que le trafic routier augmente d’année en année. La facture va être salée.
Qui va payer ? En charge de l’entretien et de la maintenance de l’autoroute Est-Ouest, l’Agence de gestion des autoroutes (ADA) n’assure plus sa mission, faute de budget alors, que les compétences nécessaires pour mener cette tâche manquent terriblement à cet organisme étatique.
Il reste la solution du péage. Le gouvernement compte en effet faire participer les usagers en rendant l’autoroute payante, ce qui est d’usage dans de nombreux pays. Des stations de péage sont actuellement en cours de réalisation, mais l’Etat doit sortir son portefeuille pour réparer l’autoroute, la mettre aux normes internationales, améliorer la qualité de services, pour ensuite instaurer le péage.
Les coûts indirects induits par une autoroute parsemée d’obstacles en tout genre sont énormes pour l’économie nationale : hausse de la consommation des carburants, stress des conducteurs, allongement des délais de livraison des marchandises, etc.
La dégradation de la chaussée n’est pas le seul problème de l’autoroute. La clôture de l’autoroute, le manque de signalisation horizontale et verticale, le comportement dangereux des automobilistes exposent la vie des usagers de l’autoroute à tous les dangers.