Les nuages continuent d’assombrir le ciel du marché algérien de l’automobile. Il y a tout juste un an, en mai 2021, l’usine d’assemblage de voitures du constructeur français Renault en Algérie reprenait partiellement son activité après 16 mois d’arrêt, faute de kits CKD/SKD.
La reprise faisait suite au dédouanement, un mois plus tôt, d’une partie des kits de montage qui étaient en souffrance au port d’Oran.
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Une reprise « graduelle » et « temporaire », avaient expliqué à TSA des sources de Renault Algérie. Mise en service en 2014, l’usine Renault de Oued Tlélat (Oran) a fermé ses portes en janvier 2020, après la décision du gouvernement d’interdire les importations de kits SKD/CKD et de supprimer les avantages fiscaux accordés aux constructeurs automobiles installés en Algérie. Cette année, dans le sillage de la guerre en Ukraine, le constructeur français a stoppé définitivement sa production en Russie.
Le site spécialisé L’Argus a rapporté ce mercredi 11 mai que l’usine algérienne de la marque au losange serait également confrontée « à des problèmes ». Située à Oued Tlelat près d’Oran, l’usine algérienne de Renault assemblait des Renault Symbol, Renault Clio et Dacia Stepway.
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L’Argus, citant la dernière analyse mensuelle de la société Inovev, spécialisée dans l’industrie automobile, émet l’hypothèse que Renault « pourrait vendre son usine algérienne ».
Dans son analyse, Inovev relève que l’usine Renault d’Oran « ne répond pas du tout aux objectifs du constructeur puisqu’elle ne parvient plus à se rapprocher du niveau de production visé de 75 000 véhicules par an, sur la base d’une réponse à la demande locale qui avait subi à l’époque l’arrêt des importations automobiles ».
Sur quatre exercices, l’usine n’a pu atteindre 73 000 voitures, selon les chiffres dévoilés par Inovev. En 2015, Renault Algérie avait assemblé 19 419 véhicules, puis 42 036 unités en 2016, 60 646 en 2017 et 72 615 en 2018, selon la même source.
Une « montée en cadence régulière » qui permettait d’anticiper une production annuelle de 75 000 unités par an, mais qui a été « stoppée brutalement », indique le cabinet, citant entre autres facteurs la crise sanitaire et le blocage des importations de kits SKD/CKD. L’« effondrement » de la production est traduit par les chiffres qu’Inovev a obtenus auprès de Renault.
Un effondrement de la production
Le cabinet a précisé que seuls 754 véhicules ont été assemblés en 2020 par Renault en Algérie (173 Logan/Symbol 2, 354 Sandero 2 et 227 Clio 4) en raison de la fermeture de l’usine pendant plus d’un an.
Selon Ivonev, après la reprise graduelle de ses activités en mai 2021, l’usine d’Oran « a assemblé un total de 5 208 voitures l’an passé (1 148 Logan, 2 808 Sandero et 1 252 Clio), soit douze fois moins qu’en 2019 (60 012 unités) ».
Quant aux prévisions sur la période 2022-2030, elles sont « très incertaines et il n’est pas sûr que Renault conserve cette usine », juge Inovev. Et de souligner que « les difficultés proviendraient de l’assemblage de voitures au taux d’intégration trop faible », qualifiées par le gouvernement algérien d’« importations déguisées ».
Le constructeur français « qui a toujours privilégié son site de Tanger au Maroc a peut-être mal appréhendé l’attitude du gouvernement algérien concernant son usine « tournevis » d’Oran », relève le cabinet qui a observé qu’en 2021 il y a eu un transfert de production de la Dacia Logan de l’usine d’Oran vers celle de Tanger, au Maroc.
« Il (Renault) considère que l’écart entre l’usine marocaine, dont la cadence de production est en progression (la capacité est de 350 000 unités), et le site d’Oran est tel que la pérennité de ce dernier se pose plus que jamais, analyse Ivonev qui ajoute : « Le sujet de l’Algérie n’est pas nouveau pour Renault mais l’intérêt de conserver cette usine se pose dans un contexte où le constructeur cherche à se refinancer ».
Renault dément
Cependant, le constructeur français, contacté par L’Argus, dément son intention de fermer son usine d’Oran et de quitter l’Algérie, selon l’hypothèse avancée par Inovev, tout en confirmant que les volumes assemblés « sont toujours très bas ».
« La situation dure depuis un certain temps (…) mais en aucun cas nous avons annoncé que nous allions quitter l’Algérie, qui reste un marché important pour Renault », a indiqué Renault à L’Argus. Le magazine rapporte que le groupe français « continue d’échanger avec le gouvernement algérien pour remédier à cette situation ».