Le patron de MiG Ilia Tarasenko présente au salon du Bourget son dernier-né : l’avion de combat multi-rôle MiG-35. Principal atout, il serait “25% moins cher à l’exploitation que tous ses concurrents.
Chez MiG, on s’imagine que le Bourget attend avec émoi l’atterrissage de ses avions auréolés de leurs combats en Syrie. “Nos appareils ont fait la démonstration qu’ils sont parfaitement conformes à ce qu’attend d’eux l’armée russe”, claironne Ilia Tarasenko, directeur général de MiG depuis huit mois, dans un entretien exclusif pour La Tribune. Sans donner de détails, il assure que les acheteurs se pressent à sa porte grâce à l’opération syrienne. Même si un MiG-29KUB a été perdu en novembre dernier alors qu’il se préparait à atterrir sur le pont du porte-avion Admiral Kouznetsov au retour d’une opération. Un accident dont on ignore la cause.
“25% moins cher à l’exploitation que ses concurrents”
Âgé d’à peine 37 ans, Ilia Tarasenko se concentre sur le MiG-35, qui a effectué son premier vol public en janvier dans les environs de Moscou. L’avion ne sera malheureusement présent au Bourget que sous la forme d’une maquette, le salon MAKS de Moscou devant en avoir l’exclusivité. Il n’est d’ailleurs pas encore certain que le MiG-35 sera présenté en août prochain. “Le MiG-35 achève actuellement sa période d’essais en vol”, précise Ilia Tarasenko. Principal atout : il serait “25% moins cher à l’exploitation que tous ses concurrents, c’est-à-dire le Rafale, le Gripen et d’autres”.
Ilia Tarasenko dit être déjà en négociations avec le Kazakhstan et avoir postulé à un appel d’offre indien. “Nous pouvons livrer dès 2020 à l’exportation”, assure le patron de MiG. L’armée russe en a commandé 37 exemplaires, mais l’avion suscite une controverse parce qu’il ne serait pas adapté à ses besoins tactiques.
Un carnet de commandes de 4 milliards de dollars
Dès qu’on sort du périmètre du MiG-35, le jeune patron est tout de suite moins disert et se met à évoquer à tout bout de champ les secrets défense, commercial et corporatif. Côté carnet de commandes du constructeur, on saura juste qu’il se chiffre à 4 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires de MiG s’est élevé à 56,7 milliards de roubles (873 millions d’euros) l’année dernière, pour bénéfice net de 5,6 milliards de roubles (86 millions d’euros). Les bénéfices devraient rester au même niveau cette année, avance Tarasenko.
Menacé depuis plusieurs années d’être phagocyté par son rival Sukhoi, dont le carnet de commande est plus fourni et les perspectives plus claires, MiG continue à cohabiter au sein de la structure d’État OAK, qui regroupe presque toute l’aéronautique russe. “Personne ne parle de fusion. Nous travaillons avec Sukhoi dans une même division [avions de combat]. Il y aura un processus d’intégration pour simplifier la gestion des deux sociétés, c’est tout”, lâche Ilia Tarasenko, qui semble prodigieusement agacé par ce thème.
Échec calamiteux d’un contrat avec l’Algérie
Les rumeurs persistantes de fusion ne sont sans doute pas étrangères au déficit d’image du constructeur depuis l’échec calamiteux d’un contrat de 1,3 milliard de dollars avec l’Algérie pour 34 MiG-29. “Cette affaire remonte à 10 ans, l’industrie a complètement changé depuis”, gronde Ilia Tarasenko, qui refuse tout net de parler davantage sur ce sujet.
Si Sukhoi a emporté la commande de l’État russe pour un avion de combat de 5e génération (le T-50) et fabrique un avion régional civil (le Superjet-100), MiG semble être le parent pauvre.
Ses perspectives incertaines s’organisent autour de trois axes. Le premier consiste à perfectionner les avions de la famille MiG-29 (qui comprend le MiG-35). Une vieille famille, qui vole depuis 1977. Le second vise à “concevoir des drones légers et moyens”. Ilia Tarasenko trouve qu’il est “trop tôt pour donner des noms à ces projets, alors que MiG planche dessus depuis le début des années 2000”. Le troisième axe concerne un projet lointain d’intercepteur à longue portée pour remplacer le MiG-31 (dont la production a cessé en 1994).
Production en série d’un appareil civil
Faute de remplir les capacités industrielles, MiG s’est vu confier la production en série d’un appareil civil conçu par Iliouchine, un autre constructeur soviétique réduit aujourd’hui à un bureau de conception. Le Il-114, dont le premier vol remonte à… 1990, est un bimoteur turbopropulseur de 64 places dont seuls 20 exemplaires ont été produits jusqu’ici. Mais MiG, qui compte le produire en série à partir de 2021, table sur 300 exemplaires, y compris pour l’exportation. Quand tout le monde mise sur l’innovation, MiG tente la réanimation.