Ce samedi après midi, le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ – Algérie) avait convié les citoyens algériens à la 21e édition de son « Forum RAJ » au Jardin Sofia. Un rendez-vous hebdomadaire que l’ONG, créée en 1993, avait choisi de délocaliser de son siège, vers un espace public, depuis quatre semaines.
À la surprise générale, l’événement qui avait pour thème : « Mouvement du 22 février, deux mois après : enjeux, défis et perspectives », a été interdit par les forces de l’ordre. « On devait commencer à 15h30, raconte Abdelwaheb Fersaoui, le président de l’association, joint par téléphone. Mais lorsque nous sommes arrivés sur place, nous avons trouvé le jardin fermé. D’après ce que nous ont dit les gardiens, des policiers vraisemblablement rattachés au commissariat Cavignac, ont fait évacuer le parc peu avant notre arrivée, mais sans donner d’explication. »
Pour autant, le RAJ et les sympathisants qui ont fait le déplacement refusent de renoncer au débat. Tous décident alors de se rassembler à quelques mètres de là, au Jardin Khemisti.
Là encore, ça coince. La police demande aux participants de quitter les lieux sous peine de procéder à des interpellations. Pas question pour le RAJ de rentrer dans la confrontation. L’association plie bagage et s’empresse de relater les faits sur sa page Facebook. Le forum n’aura en tout duré qu’une trentaine de minutes. « C’est un retour à d’anciennes pratiques, dénonce Abdelwaheb Fersaoui. Les Algériens ont récupéré l’espace public le 22 février. C’est un acquis que nous devons sauvegarder, d’autant qu’il y a un appel à multiplier les débats pendant le mois de Ramadhan. »
Le président du RAJ ne s’avoue pas vaincu et promet qu’un rassemblement sera de nouveau programmé la semaine prochaine, toujours au même endroit. « Le parc Sofia est pour nous un choix réfléchi. Nous voulons un lieu public mais isolé pour un débat constructif. Si on voulait faire du tapage, on irait à la Grande Poste ! »
Aucune perturbation pour la rencontre citoyenne de Nabni
La décision d’interdire le rassemblement semble d’autant plus incompréhensible que la rencontre citoyenne organisée par le collectif Nabni, sur les hauteurs du Parc Galland (place de la Liberté) n’a pas été entravée.
Dès 15 heures, une trentaine de citoyens avaient en effet répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux par ce groupe de réflexion créé en 2011. Dans une ambiance studieuse, hommes et femmes ont tour à tour partagé leurs idées et leurs solutions afin de « créer une coalition la plus large possible pour porter le changement ».