Les épreuves du Bac 2024 débutent ce dimanche 9 juin en Algérie et dureront cinq jours, jusqu’à jeudi. Comme c’est maintenant une habitude depuis quelques années, les appréhensions quant à une coupure généralisée d’Internet pendant la durée des épreuves ressurgissent à la veille de cet important examen.
Cette année, plus de 860 000 candidats tenteront d’obtenir le sésame qui ouvre les portes de l’université en Algérie et à l’étranger. Le Bac algérien est reconnu en France qui reste la principale destination des bacheliers algériens.
L’importance de cet examen pour la suite du cursus et l’avenir des élèves fait que certains n’hésitent pas à recourir à la fraude, en utilisant de surcroît les nouvelles technologies de communication.
Bac en Algérie : une semaine pleine pour les épreuves
Pour les autorités, dont c’est le rôle de préserver la crédibilité du Bac algérien, la lutte contre la triche a fini par tourner à l’obsession.
En plus de la vigilance "classique", par le renforcement de la surveillance dans les centres d’examen, l’Algérie a recours depuis quelques années à des méthodes plus radicales, pour empêcher d’accéder à l’université ceux qui ne le méritent pas.
La triche au bac et aux autres examens de fin de cycle scolaire relève désormais du pénal. Le dispositif législatif a été adapté et chaque année, des arrestations suivies de lourdes condamnations des tricheurs et de leurs complices sont signalées. La justice frappe d’une main de fer, mais les autorités algériennes ont pris d’autres dispositions pour éviter toute triche de se produire.
La mesure la plus controversée est évidemment celle de la coupure totale de la connexion Internet à travers tout le territoire national pendant les cinq jours que dure le bac.
Cette mesure est appliquée scrupuleusement depuis six ou sept ans, avec la démocratisation de l’accès à Internet concomitamment à celle des terminaux miniatures des nouvelles technologies de la communication, comme les smartphones.
Coupure d’Internet pendant le Bac en Algérie : une mesure non indispensable et coûteuse
La coupure d’Internet est destinée à empêcher la fuite des sujets sur les réseaux sociaux et toute communication entre les élèves candidats et d’éventuels complices au moment de l’examen.
Cette mesure systématique est critiquée en Algérie pour au moins deux raisons. D’abord parce qu’elle ne se présente pas comme l’unique solution du moment que parmi les nouvelles technologies existantes, il y a les brouilleurs de réseau, qui sont d’une grande efficacité.
Il suffirait d’en installer dans les centres d’examen pour rendre impossible toute communication avec le monde extérieur.
Du reste, il est possible de réduire sensiblement la fraude en confisquant systématiquement les smartphones et tout outil de communication en procédant à une fouille minutieuse aux portails des centres d’examen. Or, il semble que l’on court derrière le risque zéro, à tout prix.
La coupure d’Internet n’est donc pas indispensable et, en plus, elle cause de réels désagréments et des pertes énormes aux entreprises et à l’économie. Internet n’est plus ce qu’il était pour la société et l’économie algériennes il y a 10 ou 15 ans.
Aujourd’hui, des pans entiers de l’économie ne peuvent pas se passer des nouvelles technologies pour leur fonctionnement. Pour beaucoup d’Algériens, il s’agit même du cœur de métier.
L’Algérie compte des milliers d’entreprises pour lesquelles la connexion Internet est un outil indispensable. Ces entreprises, activent dans les secteurs des banques, des assurances, le commerce électronique, les médias en ligne, les services, les technologies, les startups…
A-t-on calculé l’incidence sur des pans entiers de l’économie d’une coupure généralisée pendant cinq jours ouvrables, soit une semaine entière ?
Une telle mesure est de surcroît incompréhensible maintenant que l’Algérie a pris fermement le cap de miser sur les startups et l’économie de la connaissance.
En cette veille d’examen du Bac 2024, la même interrogation taraude les Algériens aux quatre coins du pays : la connexion Internet sera-t-elle encore coupée ? Les autorités concernées et Algérie Télécom n’ont rien annoncé, mais il faut dire qu’elles n’ont pas l’habitude de communiquer sur la question avant la coupure.