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Le cas Yasmine Belkaid relance le débat sur la place des binationaux

Le cas Yasmine Belkaid relance le débat sur la place des binationaux

La nomination de Yasmine Belkaid à la tête d’une institution mondialement reconnue de la trempe de l’Institut Pasteur en France est de nature à relancer le débat sur la place des binationaux en Algérie.

L’immunologiste franco-algérienne a été nommée directrice du célèbre institut français pour un mandat de six ans et devrait prendre ses nouvelles fonctions en janvier 2024. La nouvelle a été accueillie avec beaucoup de fierté en Algérie, où elle a été également très commentée.

Yasmine Belkaid est née et a grandi en Algérie et elle a fait ses études universitaires de biologie à l’Université des Sciences et de la Technologie de Bab Ezzouar.

Elle s’est rendue en France au milieu des années 1990 pour poursuivre ses études, à l’issue desquelles elle a acquis la nationalité française, tout en gardant sa nationalité d’origine.

En tant que franco-algérienne, elle a continué à gravir les échelons aux États-Unis où elle a débuté aux Instituts américains de la santé (NIH), dirigés par un autre Algérien, Elias Zerhouni en l’occurrence.

À la recherche d’un successeur au franco-britannique Stewart Cole, l’Institut Pasteur a entamé les procédures de prospection et de recrutement en juin 2021, pour à la fin choisir la franco-algérienne Yasmine Belkadi. C’est une consécration pour son parcours et ses compétences.

La nouvelle a rappelé à certains que si les binationaux arrivent à s’imposer par leurs seules compétences dans leurs pays d’accueil, ils n’ont pas toujours droit aux mêmes égards dans leur pays d’origine.

En Algérie, ils étaient exclus pendant de longues années, en vertu d’un article de l’ancienne constitution, de nombreuses hautes fonctions de l’État, et pas que celle, suprême, de président de la République.

Une longue liste de postes interdits aux binationaux a été publiée au Journal officiel en janvier 2017. Les binationaux ne pouvaient pas, être nommés, entre autres, ministre, président du Parlement, gouverneur de la Banque d’Algérie, responsable d’un corps de sécurité ou occuper une fonction de commandement au sein de l’armée.

Un député de l’émigration plaide la cause des binationaux en Algérie

Très critiquée, la disposition a été supprimée dans la constitution de novembre 2020. En janvier de la même année, elle avait donné lieu à un énorme scandale suite au refus du député de l’émigration, Samir Chaabna, de renoncer à sa nationalité française pour pouvoir garder son poste de ministre dans lequel il venait à peine d’être nommé.

La suppression de la disposition ne signifie, semble-t-il, pas la fin des discriminations. Le député représentant à l’APN la communauté algérienne de Paris, Abdelouahab Yagoubi, a saisi l’occasion de la nomination de Yasmine Belkaid à la tête de l’Institut Pasteur pour dénoncer des inégalités qui persistent dans l’accès des binationaux à certaines fonctions qui n’ont pourtant rien de sensible ou de stratégique.

Selon Yagoubi, les députés algériens légifèrent « l’exclusion » des binationaux des structures de l’Académie algérienne des sciences et technologies.

Toujours selon le même député, les binationaux Algériens n’ont pas le droit en Algérie de créer une revue spécialisée ou d’investir dans le secteur des médias, selon le nouveau projet de loi sur l’information qui a été adopté par l’APN.

« Où est-ce que nous allons comme ça ? », s’interroge-t-il. Le parlementaire conclut en félicitant Yasmine Belkaid et les « millions d’Algériens binationaux qui ont réussi ailleurs et continuent à réussir malgré tous les freins ».

Ils sont, en effet, nombreux les binationaux algériens à s’être distingué en Europe, en Amérique du Nord, dans le Golfe et ailleurs, notamment dans le domaine des sciences et de la recherche, comme Belgacem Haba, Noureddine Melikechi, El Mouhoub Mouhoud, Elias Zerhouni, Hicham Hamoudi, Taha Merghoub, Karim Zaghib, Abdelkader Kherrat pour ne citer que les plus connus.

De nombreuses voix s’élèvent régulièrement pour appeler à faire plus de place aux binationaux et à multiplier les incitations et les initiatives pour pouvoir bénéficier de leurs compétences.

L’exemple du football est éloquent. Depuis que la Fédération algérienne de football s’est mise à compter principalement sur les franco-algériens, formés à l’excellente école française, l’Algérie a pu avoir une grande équipe nationale, bien qu’elle ne dispose ni d’un championnat compétitif et organisé ni de centres de formation de qualité. La question est de savoir pourquoi ce qui est permis dans le football ne l’est pas dans les autres secteurs ?

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