Économie

« Le climat des affaires en Algérie est propice à l’investissement »

Pour sa première visite en Algérie (9 et 10 octobre), la Première ministre française était accompagnée de 16 ministres de son gouvernement et de plusieurs chefs d’entreprise français.

Nicolas Pereira a fait partie de la délégation d’Elisabeth Borne. Il est le directeur de Générale Energie France, une entreprise spécialisée dans la rénovation énergétique de l’habitat.

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Dans cet entretien, ce chef d’entreprise revient sur les projets de sa société en Algérie, sur le climat d’investissement dans le pays, l’état d’avancement de l’Algérie en matière de transition énergétique, le problème des visas pour les entrepreneurs français….

Vous avez accompagné la Première ministre française pour son premier déplacement en Algérie. Pourquoi avez-vous été choisi pour ce voyage ?

C’est l’ambassade de France qui nous a un peu montré du doigt parce que nous sommes, je pense, un exemple parfait d’une amitié algérienne-française. Nous sommes dans un réel échange bilatéral avec nos partenaires algériens.

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ? Quelles sont vos principales activités ?

Nous sommes dans la transition énergétique et dans le recyclage. Nous réalisons des projets de A à Z dans les domaines de la performance et de l’optimisation énergétique.

Notre savoir-faire à nous est de prendre un programme de l’Etat. A titre d’exemple, si l’Etat français veut réaliser l’isolation de tous les bâtiments en France, nous pouvons prendre en charge l’innovation technologique et l’isolation de ce type-là, et l’appliquer dans tout le pays. Nous nous occupons également de la partie commerciale, on va être autonomes et partir très loin.

En quatre ans, Générale Energie France est passée de deux millions d’euros de chiffre d’affaires à 80 millions d’euros.

Avez-vous des projets en Algérie ?

Depuis 2019, nous avons beaucoup investi chez un partenaire 100% algérien (Altéo Énergie). A l’époque, nous devions entrer avec le régime 51-49%.

Mais en 2019, c’était un peu délicat en Algérie. Des avocats algériens nous avaient déconseillé de le faire. Mais cela ne nous a pas empêché d’investir énormément sur Alger.

Au début, nous avons commencé notre projet en Algérie par recruter de nombreuses personnes qui allaient pouvoir nous aider. C’est comme si on délocalisait une partie de notre service en Algérie.

Nous avons formé des Algériens à notre métier, qui est la rénovation énergétique de l’habitat, mais aussi à la coordination d’un sous-ensemble de process qui est très compliqué, et à notre savoir-faire.

En Algérie, nous sommes aujourd’hui plus de 130 personnes. C’était important pour nous de former notre partenaire Alteo Énergie, dans l’optique de faire la rénovation énergétique en Algérie.

Nous savions que ça allait arriver. Le Premier ministre algérien nous a confirmé ce matin (lundi) qu’ils allaient lancer de grands programmes de rénovation énergétique dans les bâtiments résidentiels en Algérie.

Nous, et notre partenaire qui est dans le BTP également, sommes prêts.

De notre côté, nous avons apporté toute une logistique avec des CRM (stratégies pour gérer les relations avec des clients) qui permettent d’organiser le travail et d’industrialiser les travaux à l’échelle nationale.

Le partenaire se chargera de la partie technique. Il faudra juste former les techniciens. C’est-à-dire faire ramener nos différentes techniques en Algérie et faire des séances de formation et de suivi. Nous serons ainsi en mesure de réaliser l’isolation le maximum de bâtiments en Algérie.

Qu’en est-il du recyclage des déchets ?

De ce projet principal dont je parlais, sont nés des projets de recyclage. Aujourd’hui, l’Algérie a un gros problème de pollution avec les déchets d’olives, les grignons. Nous pouvons les recycler en granulés de bois qui seraient destinés à l’export pour la France.

Notre partenaire a fait l’acquisition de 120.000 tonnes de noyaux d’olives qui seront transformés dans nos usines à Rouïba. L’idée est de transformer et de tout faire sur place.

Nous sommes vraiment partis sur tout ce qui est transition énergétique. Nous avons en France une grande expertise dans la pose de panneaux solaires résidentiels, tertiaires et collectivités.

Pour résumer, nous sommes bien placés pour assurer des rénovations complètes : isolation extérieure, ravalement, pose de panneaux solaires qui sont reliés à des systèmes de chauffage et de climatisation. Nous pouvons réduire de manière considérable les consommations énergétiques et apporter du confort à la population.

Pour venir s’implanter en Algérie, il faut forcément un partenaire. Nous n’avons pas de filiale dans le pays. Nos partenaires ici en Algérie nous ont montré qu’ils veulent faire avancer le pays. C’est grâce à eux que l’on arrive à faire des choses. L’honneur leur revient. Ils s’ouvrent à nous, prennent notre savoir et font avancer les choses.

Le climat des affaires en Algérie est-il favorable à l’investissement ?

Ils ont changé la loi du 51-49 dans certains secteurs d’activité où il y a un réel besoin d’investissement. Cela va être élargi à d’autres investisseurs étrangers. Pour nous, nous n’avons pas pris de participation chez notre partenaire Altéo Énergie, cela ne nous a pas empêchés d’investir et de former énormément de personnes en Algérie.

Oui, je pense que le climat des affaires en Algérie est propice à l’investissement. Il faut juste ne pas avoir peur. Même s’il peut y avoir des changements, il faut faire confiance aux entrepreneurs algériens. Ils se battent pour faire avancer leur pays. Il ne faut pas avoir de craintes. La seule chose qu’il faut est d’avoir de bons partenaires locaux qui ont vraiment envie de faire avancer les choses.

De notre côté, nous avons Business France qui nous met en relation avec des partenaires. Pour des entreprises françaises qui ne connaissent pas l’Algérie, c’est une vraie solution.

Quels sont les freins à l’investissement en Algérie ?

Le problème des visas.  Pour aller en Algérie, il faut un visa. C’est une barrière. Bien sûr, c’est dans les deux sens. Les Algériens ont également besoin de visas pour se rendre en France. La réciprocité s’applique. Le visa est un frein.

Nous ne pensons pas et nous ne réfléchissons pas automatiquement à l’Algérie. Cela ne vient pas naturellement.

Chez Générale Energie France, nous avons pensé à l’Algérie parce que le président fondateur de l’entreprise est franco-algérien et que notre partenaire est un ami de très longue date.

Quel constat faites-vous de l’état d’avancement de l’Algérie en matière de transition énergétique ?

Ce que je trouve impressionnant, c’est que quand le gouvernement lance quelque chose, derrière les choses vont très vite. J’étais présent lors de la dernière visite du président Emmanuel Macron en Algérie.

Le message était clair. Ils ont ouvert la voie, maintenant à nous entrepreneurs de suivre. Actuellement, que ce soit en France ou en Algérie, il y a des entrepreneurs qui n’ont qu’une envie, c’est d’avancer et faire bouger les choses. A nous de le faire. C’est d’ailleurs ce qu’ont dit les deux gouvernements ces dernières 48 heures.

Comment votre entreprise pourrait-elle aider l’Algérie dans cette transition énergétique ?

Nous sommes leader sur tout ce qui est rénovation énergétique pour la diminution de la consommation des énergies dans le résidentiel, le tertiaire et les collectivités.

Qui dit transition énergétique, dit moins consommer. Nous sommes leader sur ce secteur. Nous sommes leader dans la gestion des travaux de A à Z.

Nous pouvons apporter tout cela, sans oublier que nous avons déjà apporté tout notre savoir-faire à notre partenaire algérien.

Il faut maintenant juste attendre que les programmes s’ouvrent. Il s’agira uniquement de programmes étatiques. Une fois qu’ils ouvriront les portes, ce sera à nous de prendre le relais, de faire avancer et de concrétiser les projets. J’ai confiance en mon partenaire et en notre travail. Nous allons travailler fort pour que ça avance.

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