Coup de colère, samedi 15 décembre, à l’hôtel Sheraton, à Doha, au Qatar, de Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères de l’Iran, lors d’un débat avec la journaliste américaine Robin Wright, au 18e Doha Forum.
« Je crois qu’il faut baisser le ton lorsqu’on évoque la question les droits de l’Homme. En Iran, il y a des abus que nous voulons dépasser mais les États-Unis ne sont pas dans la bonne position pour nous faire la morale. Ils nous appliquent depuis plus de 40 ans des sanctions. S’il y a un art que nous maîtrisons bien en Iran, et que nous pouvons enseigner, c’est bien celui d’éviter les sanctions. Nous le faisons seuls. Des personnes ont été mises en prison parce qu’elles ont acheté des pièces de rechange pour l’aviation civile, au nom de ces sanctions. Et, en Australie, une femme a été obligée d’accoucher en prison au nom de ces sanctions », a lancé le chef de la diplomatie iranienne, devant une salle archicomble.
Son pays, a-t-il assuré, ne changera pas de politique en raison de ces pressions américaines, intensifiées depuis le retrait unilatéral de Washington de l’Accord sur le nucléaire, établi en 2015. Téhéran ne se retirera pas, selon lui, de cet Accord parce que d’autres parties ont respecté leurs engagements avec la volonté de « contourner les sanctions américaines ». Il a écarté toute nouvelle discussion avec Washington sur ce document. « Si discussions il y aura, il faudrait définir les objectifs d’abord », a-t-il tranché.
« Nous n’avons pas armé les houthis »
Zarif a rejeté les accusations d’implication de l’Iran dans le conflit au Yémen. « Nous n’avons pas armé les houthis. Ils ont reçu des armes à l’époque du président Ali Abdallah Salah à travers l’Arabie saoudite. Des armes venues de Russie et de Turquie. Les avions saoudiens bombardent les Yéménites, alimentés en plein vol par les Américains. Les États-Unis réclament aux Saoudiens et aux Émiratis le payement une facture de 336.000 dollars pour le fuel. C’est la preuve de leur implication dans le conflit au Yémen », a-t-il soutenu.
Téhéran use, selon lui, de toute son influence pour trouver une solution politique à la crise au Yémen. « La solution militaire n’arrangera aucune partie. Pendant plus de trois ans, la communauté internationale est restée bras croisés face aux crimes commis contre le peuple yéménite. Les avions qui bombardent le Yémen ne sont pas iraniens, mais saoudiens avec un soutien américain et britannique », a-t-il accusé.
Qualifiant de regrettable l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi (au consulat du Royaume à Istanbul début octobre 2018), le chef de la diplomatie iranienne a estimé que cette affaire ne doit pas dissimuler « les crimes au Yémen où dix mille civils ont été tués, ciblés directement par la Coalition (menée par l’Arabie saoudite), et où 85.000 personnes ont perdu la vie à cause de la famine ».
Selon lui, les Saoudiens croient que la sauvegarde de leurs intérêts est dans l’escalade avec l’Iran. « Ils parlent d’ingérence de l’Iran dans la région, alors que nous en faisons partie, et ne considèrent pas la présence américaine comme une ingérence », a-t-il ironisé.
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