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Le coût de la gestion approximative des grands projets

Lancée il y a onze ans, l’autoroute Est-Ouest n’est pas encore achevée. Dimanche, le ministre des Travaux publics et des Transports Abdelghani Zaalane a annoncé la reprise des travaux de réalisation du tronçon reliant Annaba à la frontière tunisienne sur 84 km. Cette partie est laissée à l’abandon depuis le retrait de Cojaal, suite à un contentieux avec l’Agence nationale des autoroutes (Ana) sur les paiements.

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En 2006, le groupement japonais avait obtenu la réalisation du tronçon est de l’autoroute entre Bordj Bou Arreridj et la frontière tunisienne, sur 400 km, pour 5,2 milliards de dollars. La livraison de ce tronçon était prévue pour 2010, avant d’être reportée à 2012. Mais aucun de ces deux délais n’a été respecté.

Le groupement Cojaal a achevé les travaux entre Bordj Bou Arreridj et Dréan à la sortie est d’Annaba et laissé la partie traversant la wilaya d’El Tarf, en chantier.

En attendant la reprise des travaux, les terrassements et les ouvrages réalisés se détériorent, faute de protections nécessaires. Non seulement, l’État a perdu du temps, mais il va perdre encore de l’argent pour réparer ce qui s’est détérioré.

Outre le tronçon Annaba-El Tarf, l’autoroute Est-Ouest se distingue par malfaçons techniques, conséquence d’une approximation dans sa gestion. Le gouvernement voulait vite une autoroute clés en main, mais il a grillé des étapes indispensables dans la gestion de ce genre de projet. La suite est connue : études bâclées, retard dans la réalisation, corruption, surcoûts et des réparations lancées sur des tronçons, à peine quelques années après leur livraison, alors que la durée de vie, d’une autoroute est d’au moins dix ans.

Le projet du siècle se transforme en gouffre financier pour l’État et le chantier semble s’éterniser. Le plus grave est que cette autoroute Est-Ouest n’est pas un cas unique dans le tableau peu flatteur des projets de BTP, victimes de l’improvisation des autorités. Les exemples sont nombreux.

On peut citer la Grande Mosquée d’Alger dont on ne connaît pas encore le délai exact d’achèvement des travaux, la réalisation de conduites de transfert de l’eau de la nappe albienne d’In Salah à Tamanrasset, alors que le réseau d’alimentation en eau potable de cette ville est inopérant, la ligne ferroviaire électrifiée entre Thenia et Bordj Bou Arreridj, bloquée depuis des années, et récemment le viaduc Trans-Rhumel de Constantine.

Le coût de la gestion approximative des grands projets est énorme. La faute incombe aux autorités, qui en voulant aller vite, elles ont grillé d’importantes étapes dans la gestion des grands chantiers, en interférant dans le travail des techniciens et politisant des projets qui ont absolument besoin de maturation avant d’être lancés.

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