La presse étrangère, notamment française, commente ce mardi les manifestations organisées ces derniers jours à travers le pays contre le 5e mandat.
Dans son éditorial intitulé ”Le dégagisme gagne l’Algérie”, Sud-Ouest écrit : « En soutenant Bouteflika pour un 5e mandat, les caciques se doutaient que la décision passerait mal. Ils sont servis au-delà de toute attente (…). Alors que des centaines de milliers d’Algériens ont bravé, vendredi et dimanche, l’interdiction de manifester pour exiger son départ, Abdelaziz Bouteflika s’est envolé vers Genève pour y subir de nouveaux examens médicaux. La coïncidence résume la situation ubuesque… »
Le Monde consacre son éditorial à la situation en Algérie, « Le choix historique du pouvoir algérien »
« Qui oserait se dire surpris ? L’Algérie se réveille. Les dizaines de milliers de manifestants descendus dans la rue depuis vendredi 22 février pour protester contre la candidature à un cinquième mandat d’un président malade et invisible expriment un sentiment qui relèverait du bon sens dans tout autre pays.
Mais l’Algérie, restée à l’écart des ”printemps arabes”, n’est pas un pays comme les autres et ce réveil n’en est que plus significatif (…) Cette fois-ci, c’est la candidature de trop. L’opacité du fonctionnement du clan au pouvoir autour de lui occulte toute perspective de changement (…) La manière dont est organisé le processus électoral verrouille toute chance d’alternance. Dans ces conditions, la rue apparaît comme un recours naturel. Il n’est pas sans risque : remarquablement tolérées vendredi, les manifestations ont été dispersées dimanche par les forces de l’ordre, qui ont procédé à des arrestations. La semaine qui s’ouvre s’annonce cruciale ».
L’Express : ”L’Algérie, indispensable mais impossible partenaire”
L’hebdomadaire surfe sur la vague migratoire et le spectre des ”boat people” et autres patteras dans le cas d’une explosion de violence en Algérie.
”Ajoutons que la population algérienne est actuellement confrontée à un marasme économique profond, à une absence de perspectives et d’avenir, notamment la jeunesse (moins de 20 ans) qui représente la moitié des 42 millions d’habitants. C’est tout cela que résument les années Bouteflika. Une crise politique soudaine, assortie de troubles sociaux, précipiterait à coup sûr un grand nombre de jeunes vers l’immigration, nécessairement illégale. On pourrait ainsi assister à un scénario catastrophe avec des centaines d’embarcations chargées de migrants prêts à tout pour fuir à leur pays à leur risque et péril”.
Challenges : Après les manifestations, une nouvelle ère s’ouvre en Algérie.
”C’est un fait, Abdelaziz Bouteflika n’est plus en l’état de diriger l’Algérie et les récentes manifestations ouvrent une nouvelle ère. Sans répondre à la question de l’alternative politique. L’Algérie ne peut pas se permettre de retomber dans les luttes de clan des appareils militaires et policiers (…) Rien n’est plus pareil mais rien n’a changé. Depuis que les Algériens sont descendus dans les rues de la capitale et de tout le pays pour dire que le roi était nu, la vérité a déchiré le silence. Ce que chacun savait mais qui était tu de tous est désormais dit, publiquement dit par une jeunesse qu’indigne la perspective de voir Abdelaziz Bouteflika briguer un cinquième mandat alors qu’il est impotent, aussi incapable de parler que de marcher.”
”24 heures” (Suisse) : L’Europe doit aider à la sortie de Bouteflika
‘ »L’Algérie était absente de l’actualité, aussi peu visible que son président fantôme. Personne – à part ses proches et ses docteurs – ne sait comment se porte Abdelaziz Bouteflika depuis une attaque cérébrale survenue en 2013. Et puis, vendredi dernier, quelque chose s’est remis en mouvement. À travers tout le pays, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour s’opposer à un cinquième mandat fantomatique. Une contestation massive et conduite dans le calme. Un défi lancé à un pouvoir opaque qui ne sait comment y répondre (…) Une fois de plus, les Européens ont tardé à percevoir un changement majeur à leur périphérie. Ils n’avaient pas détecté le bouillonnement populaire qui avait débouché en 2011 sur les printemps arabes. Trois ans plus tard, il leur avait fallu du temps pour comprendre que l’Ukraine ne vivait pas une révolte, mais une révolution. Les voici pris au dépourvu face au cas algérien ».
La Libre Belgique : ”Au prix d’un grave dérapage, Bouteflika tient bon face à la révolte des Algériens”.
”La riposte populaire est à la mesure de l’affront officiel. En briguant un cinquième mandat, Abdelaziz Bouteflika a déclenché une révolte”.
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