Les soutiens habituels d’Abdelaziz Bouteflika se font discrets ces derniers jours. Les personnalités en vue de l’entourage du président ne parlent plus en public, ne répondent plus aux appels des journalistes et n’occupent plus les plateaux de télévision.
Ils ne prennent même pas publiquement la défense des nouvelles propositions de Bouteflika relatives à l’annulation du processus électoral et à la prolongation du quatrième mandat présidentiel. Les réactions du FLN et du RND par rapport à ce plan étaient à peine visibles, presque inaudibles. Des communiqués. Puis le silence.
Mais où est donc passée l’Alliance Présidentielle qui, à l’automne 2018, faisait beaucoup de bruit pour faire accepter le projet de 5e mandat ? Où sont passés tous les soutiens du chef de l’État, dont certains se disaient prêts à voter pour lui « même mort » alors que d’autres lui attribuaient des qualités de « prophète » envoyé par Dieu pour sauver l’Algérie ?
Le président Bouteflika, lui-même, a grillé beaucoup de ses appuis, y compris les plus fidèles. Le premier « sacrifié » est Ahmed Ouyahia poussé vers la petite porte de sortie, quelques jours à peine après avoir présenté à l’APN la Déclaration de politique générale dans laquelle il a défendu, avec acharnement, le bilan des vingt ans de Bouteflika, bilan qualifié de positif. Sans doute pour prouver sa fidélité, Ouyahia a même menacé les manifestants contre le 5e mandat. Mais cela n’a pas suffi.
Officiellement, Ahmed Ouyahia a présenté « la démission » de son gouvernement. Mais, pour quelle raison ? Pas d’explication. L’Algérie est sans gouvernement depuis plus de 24 heures alors que le pays est traversé par une vague de protestation sur fond de grève générale dans certains secteurs.
Retraite pour Ouyahia, Sellal et Zâalane ?
Ahmed Ouyahia est resté à la tête du gouvernement que pendant 19 mois. Depuis l’arrivée de Bouteflika en 1999, il a dirigé le gouvernement à trois reprises. Que fera-t-il maintenant ? Sera-t-il appelé à de nouvelles missions diplomatiques ou politiques ? Ou va-t-il prendre sa retraite politique « anticipée » à 67 ans ?
Difficile de le savoir puisque Ouyahia trouve toujours le moyen de revenir par les petits chemins.
Abdelmalek Sellal, 71 ans, a, lui aussi, était éjecté dans des conditions presque humiliantes de l’entourage présidentiel. Sans aucune explication, là aussi. Bouteflika l’a remplacé par Abdelghani Zâalane alors que Sellal avait dirigé les trois campagnes de Bouteflika en 2004, en 2009 et en 2014 en affrontant vents et tempêtes. A-t-il failli à sa mission ? On ne connaîtra jamais les vraies raisons de ce départ. Comme à son habitude, Sellal est parti sans faire de bruit. L’homme était considéré parmi les hommes les plus fidèles à Bouteflika. Fin de carrière ? L’ancien chef du gouvernement à de grandes capacités de rebondissements même si ses ressorts sont quelques peu rouillés.
Poussé aux devants de la scène, malgré lui, Abdelghani Zâalane a eu à peine le temps de comprendre comment fonctionne une campagne électorale qu’il est prié de plier bagages. Il ne peut pas revenir au ministère des Travaux publics et des Transports puisque le gouvernement n’existe plus, ni à la gestion d’une wilaya puisqu’il n’est plus wali. Bénéficiera-t-il de vacances prolongées ? N’étant pas un politique capable de redonner une seconde vitesse à son parcours professionnel, il se mettra, s’il a encore les moyens, « en réserve de la République » comme ont dit pour.
Amara Benyounes, président du MPA, avait la charge de la communication de la campagne de Bouteflika. Il n’a pas eu le temps, lui aussi, d’animer sa première conférence de presse, ni de dévoiler son plan média. Il est appelé à rentrer chez lui dans l’attente de nouvelles missions. Peut-être. En attendant, il dirige toujours le MPA, un parti membre de l’Alliance présidentielle.
D’autres soutiens de Bouteflika ont disparu des radars depuis quelque temps déjà. Il n’y a qu’à citer les anciens secrétaires généraux du FLN comme Abdelaziz Belkhadem, Amar Sâadani et Djamel Ould Abbes…
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