Politique

« Le dialogue ne doit pas être un monopole d’une instance mise en place par le pouvoir”

Le président de la Forem, le professeur Mustapha Khiati, revient dans cet entretien à TSA, sur les efforts de la société civile pour rapprocher les différents points de vue, entre les différentes parties, pour une sortie de crise.

Quels enseignements tirez-vous de la rencontre, samedi 24 août, des associations de la société civile, des partis politiques et des personnalités ?

On peut tirer plusieurs enseignements de la rencontre de samedi 24 août (société civile-partis d’opposition). D’abord, le dialogue ne doit pas être un monopole qui soit dédié uniquement à une instance mise en place par le pouvoir et que cette instance fait l’objet de critiques assez acerbes de la part du Hirak. Le deuxième enseignement, c’est que depuis le 22 février c’est la première fois qu’il y a à la même table tous les partis, à l’exception du MDS, et de nombreuses personnalités ; même certaines personnalités qui n’ont pas pu assister ont apporté leur soutien. Je citerai Ahmed Taleb Ibrahimi, Benbitour, etc. Je dirai que c’est la première réunion de consensus et le plus beau est que cette réunion a été rendue possible grâce à la société civile. Il est extrêmement important comme enseignement. Cela veut dire que la société civile pourrait jouer un rôle dans ce processus et elle l’a démontré samedi.

Le parti Jil Jadid a lancé l’idée d’un jumelage entre l’élection présidentielle et le processus constituant comme une voie médiane pour sortir de la crise. Quel en est votre avis ?

En fait, au cours de ce débat, il y a eu plusieurs propositions, dont celle du président de Jil Jadid. Ce qui a été dit samedi c’est d’abord que cette rencontre était une première. Outre le communiqué final, il y a eu un PV qui a été établi- pas rendu public- qui a repris toutes les propositions. Celles-ci vont faire l’objet, au cours des prochains jours, d’une étude à travers des commissions qui seront installées et qui compteront aussi bien des représentants des partis, de la société civile que les personnalités. Dans les prochains jours, il y aura une étude de toutes ces propositions, et nous nous acheminons comme ça été prévu par la société civile, vers une deuxième réunion si ce n’est pas encore prématuré, soit carrément vers une conférence nationale.

Selon vous, ce genre d’initiatives sont-elles de nature à peser sur le pouvoir en vue de l’amener à lâcher du lest ?

Moi je dis que le chef de l’État dans son discours du 3 juillet, a demandé à ce qu’il y ait des propositions et des initiatives. Je pense qu’aujourd’hui, il appartient au peuple de s’exprimer et faire des propositions. Et pourquoi ne pas voir l’instance qui s’est réunie samedi proposer carrément un nom au cours des prochains jours, ou des noms pour diriger un gouvernement de transition. Éventuellement proposer certaines personnalités, qu’elle cautionnera, pour être des candidats à la présidentielle. Bien sûr, il s’agit d’abord d’aplanir un certain nombre de problèmes en vue de dépolluer l’atmosphère. Il s’agit en l’occurrence de prendre un certain nombre de mesures d’apaisement cités aussi bien lors des réunions du 15 juin (plateforme de Ain Benian) et du 6 juillet (Forces de l’Alternative démocratique).

Les conditions pour une élection sont-elles réunies aujourd’hui ?

Pour l’instant, elles ne le sont pas. Mais ce qui est nouveau c’est que la société civile, l’opposition de façon générale et les personnalités sont en train de faire un seul corps et de faire des propositions. Espérons que ça va aller dans le bon sens et que ces propositions seront efficientes.

Un dernier mot ?

Il ne faut pas perdre de vue qu’il y a des défis économiques extrêmement importants qui nous attendent dans quelques mois et plus rapidement on aboutira à une sortie de crise mieux ça vaudra pour notre pays et notre peuple. Le problème c’est qu’on a perdu six mois depuis le mois de février, qu’on aurait pu gagner de façon très positive, n’était malheureusement l’entêtement des uns et des autres. J’espère qu’on ne va pas encore perdre plusieurs mois pour arriver à des évidences.

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