CONTRIBUTION**. Le Roi Mohamed VI invoque dans son discours prononcé samedi soir à l’occasion de la fête du trône l’établissement de relations fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage et il déplore les tensions médiatiques et diplomatiques qui agitent ces relations.
Quel crédit accorder à ces propos, lorsqu’on parcourt les titres des dépêches virulentes de la MAP et de sa vaste constellation de sites vassaux qui prospèrent dans la diffusion « néfaste de contre-vérités relayées par certains médias » ?
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Quel crédit accorder à ces mêmes propos apaisants lorsque l’on sait que la clarification exigée par Alger suite à la grave dérive de l’ambassadeur du Maroc à New York ne viendra jamais ?
Cette dérive qui, faut-il le rappeler, est d’une gravité extrême en ce qu’elle constitue un soutien officiel, public et explicite, à une sédition fomentée par une organisation terroriste, est-elle en phase avec les propos lénifiants du monarque qui nous assure que : « Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous » ?
Les dispositifs militaires offensifs au niveau de la frontière, la mobilisation de la diplomatie guerrière par le tandem algerophobe El Himma-Bourita, l’étendue des actes d’espionnage systématiques révélés par le scandale Pegasus sont autant d’indices probants que le voisin de l’ouest ne nous veut pas que du bien contrairement aux assertions fallacieuses relayées avec une rapidité suspecte par le taiseux et effacé premier ministre, Saad-Eddine El Othmani auprès de l’incontournable officine de garde du 360.ma.
Ce premier ministre, islamiste retors et compromis dans la signature des accords d’Abraham, s’empresse en effet, avec une précipitation calculée et préméditée, d’enjoindre à l’Algérie de répondre positivement à la « main tendue » par le roi du Maroc.
Nul doute que tous les médias marocains, publics et privés, ainsi que les milliers d’influenceurs et « Sentinelles du net » enrôlés et payés par l’État marocain vont relayer à l’infini cette pression médiatique sous la conduite des spin doctors du makhzen institutionnel.
Devant l’accumulation de telles évidences, on est en droit de douter sérieusement de la bonne volonté affichée ostensiblement par le roi du Maroc, car malheureusement, en l’absence de faits positifs et concrets traduisant la sincérité des engagements visant à instaurer et à consolider véritablement le bon voisinage, l’on est réduit à considérer, avec une circonspection légitime, cette « ouverture » qui s’apparente davantage à un exercice sournois de relations publiques pointant l’index sur l’Algérie (mauvais élève de la classe maghrébine ?) en mettant un accent particulier et suspect sur la seule question de la réouverture de la frontière commune sans même exprimer de regrets, à défaut d’excuses, sur les raisons ayant conduit à sa fermeture.
Décréter, au détour d’une phrase, que ces « raisons sont totalement dépassées et n’ont plus raison d’être aujourd’hui » en se dédouanant avec une telle légèreté, ne suffit certainement pas à préparer sérieusement le terrain à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage.
L’avenir immédiat nous dira s’il s’agit d’une ouverture, sincère et déterminée, ou d’un énième exercice de style, visant à imputer à l’Algérie la responsabilité de cette situation déplorable qui « gâche les potentialités des deux pays ».
Les trois conditions de l’Algérie
La teneur des dépêches de la MAP et des articles fielleux que nous consacre son rejeton adultérin, le 360.ma, sera un indicateur fiable pour jauger et juger la sincérité des propos tenus par le monarque marocain.
En tout état de cause, la « normalisation » des relations entre les deux pays reste tributaire d’une explication franche et sincère sur les trois points évoqués à l’époque par la diplomatie algérienne.
Il s’agit de l’arrêt de la campagne de dénigrement menée par les cercles officiels et non officiels marocains contre l’Algérie, la coopération effective du Maroc pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues et enfin, le découplage irrévocable de la question du Sahara occidental de celle de l’évolution des relations bilatérales, car, quoi qu’il en soit, l’Algérie continuera à défendre fermement et inlassablement sa position de principe concernant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément à la légalité internationale.
*Diplomate algérien à la retraite
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