Au Maroc, la souffrance des survivants du séisme meurtrier de septembre dernier est double. En plus de la perte de leurs proches, ils font face à la lenteur de la reconstruction de leurs maisons qui ont été détruites par le tremblement de terre.
Les plus chanceux sont logés dans des containers, les autres doivent se contenter de tentes.
Il y a six mois, le 8 septembre 2023, un violent séisme de magnitude 6,9 a frappé la région d’Al Haouz, dans le Haut-Atlas marocain, faisant près de 3000 morts, plus de 6 000 blessés et des dizaines de milliers de sans-abri.
Le premier hiver après la catastrophe a pris de court les survivants, le gouvernement marocain n’ayant pas tenu toutes ses promesses de prendre en charge les retombées du tremblement de terre.
Au moment du séisme, le roi Mohamed VI se trouvait en vacances en France. Il avait été critiqué pour avoir fait tardivement sa première sortie publique.
Le roi et son gouvernement étaient fustigés pour la lenteur de leur réaction et leur décision de sélectionner l’aide internationale, n’acceptant que celle de quelques pays et déclinant notamment l’offre d’aide de l’Algérie et de la France.
Mohamed VI a fait un déplacement à Marrakech une semaine après le séisme mais il ne s’est jamais rendu dans les zones sinistrées.
Le tremblement de terre avait frappé des zones montagneuses déshéritées et difficiles d’accès. Les maisons construites en terre cuite n’ont pas résisté à la violente secousse.
Selon les autorités, environ 60 000 habitations ont été détruites ou endommagées dans les villages du Haut-Atlas. Plusieurs jours après le séisme, les secours n’avaient pas pu accéder à certaines zones sinistrées, faute de voies d’accès, comme on a pu le constater à travers les témoignages des survivants dans les médias étrangers ou sur les réseaux sociaux.
Six mois après, les mêmes médias étrangers multiplient les reportages qui décrivent les conditions difficiles des rescapés en plein hiver, contredisant les médias officiels marocains qui tentent de faire croire à une prise en charge optimale des retombées de la catastrophe naturelle.
Au Maroc, le froid est le « grand ennemi des sinistrés » du séisme
Une équipe de la chaîne franco-allemande Arte revient des zones sinistrées avec ce constat : « Dans ces villages du Haut-Atlas, rien n’a bougé depuis le séisme. Cinq mois après, tout est figé ». Intitulé « Maroc : l’hiver d’après », le reportage décrit les conditions difficiles d’une population déjà démunie avant le séisme et qui a tout perdu après.
Le gouvernement marocain a promis une enveloppe de 11 milliards d’euros pour la prise en charge des rescapés et la reconstruction, mais dans beaucoup de villages, la reconstruction se fait attendre, dans d’autres, le déblaiement des gravats a à peine commencé.
Si une partie des sinistrés sont logés dans des containers qui les protègent un tant soit peu des intempéries, d’autres sont toujours dans des tentes alors que les autorités qui ont annoncé un budget de 11 milliards d’euros pour prendre en charge les effets du séisme auraient pu mettre en place rapidement des maisons préfabriquées.
Pour ceux qui souhaitent entreprendre eux-mêmes la reconstruction, le gouvernement marocain accorde des aides de 140 000 dirhams (14 000 dollars) et 80 000 dirhams (8 000 dollars) respectivement pour les habitations totalement détruites ou celles à retaper. Mais beaucoup de sinistres se plaignent de n’avoir pas encore reçu cette aide.
Idem pour l’aide mensuelle accordée pour assurer la subsistance des rescapés. L’aide est fixée à 2500 dirhams (250 dollars). La somme est légèrement inférieure au Smig Marocain qui est à près de 2800 dirhams et est loin de suffire pour couvrir tous les besoins de ces familles qui ont tout perdu.
La faible économie de la région a été éteinte par le séisme et il ne reste pour les habitants que l’aide de l’État et celle des associations pour survivre.
Le reportage d’Arte a suivi le quotidien difficile d’une dame qui a perdu sa fille et son fils de 18 et 19 ans dans le séisme. La malheureuse fait partie de ceux ne perçoivent pas l’indemnité gouvernementale.
Elle-même blessée, elle vit avec le garçon qui lui reste sous une tente qui n’empêche pas la pluie de couler à l’intérieur. Dans cette région où la température frôle le zéro degré en hiver, « le froid est le grand ennemi des sinistrés », témoigne la journaliste d’Arte.